JO 2024 (gymnastique): comment la fédération française a réagi au sacre de Kaylia Nemour, titrée avec l'Algérie mais formée en France
Une immense joie pour l'Algérie, et un petit vent de malaise à la fédération française. Devenue dimanche à Paris championne olympique aux barres asymétriques, à 17 ans et sur une note stratosphérique de 15,700, la gymnaste algérienne Kaylia Nemour a montré au monde entier l'étendue de son (immense) talent.
Mais si elle concourt aujourd'hui sous pavillon "DZ", le pays de ses grand-parents, Kaylia Nemour, née à Saint-Benoît-la-Forêt (Indre-et-Loire), élevée à Beaumont-en-Véron et formée au club d'Avoine-Beaumont, est un pur produit de la gym française. Avant de s'en écarter.
Derrière ce changement de nationalité sportive, une opération des deux genoux fin 2021, un médecin fédéral qui refuse son retour en équipe de France, et un conflit entre la fédération française de gymnastique et ses entraîneurs. Une histoire complexe, dans laquelle chaque partie a sans doute des torts, mais dont la gym française est assurément la grande perdante. D'autant que sur les agrès de Bercy, les Bleus ont eux signé un zéro pointé.
"J’aurais préféré la compter dans mon équipe de France"
De quoi nourrir des regrets? "Évidemment", a répondu ce lundi Kévinn Rabaud, directeur technique national, dans une sorte de grand débrief. Pour autant, on refuse côté tricolore la version selon laquelle Nemour aurait été "rejetée", ou "chassée".
"Quel dirigeant, quel DTN peut se passer d’une médaille? Ça n’existe pas", poursuit Rabaud.
"C’est pour ça que quand on peut prétendre qu’on a refusé Kaylia… Kaylia avait sa place en équipe de France. Des choix autres ont été faits par son entourage, par elle-même. Des choix qu’elle assume. Aujourd’hui je suis très heureux pour elle, c’est une gymnaste magnifique, sa réussite est exceptionnelle. Effectivement, j’aurais préféré la compter dans mon équipe de France."
Kévinn Rabaud a ensuite donné la version de la fédération française sur ce dossier et le départ de la médaillée. "On était sur une demande de reprise progressive (après son opération, NDLR), il y avait des conditions à la reprise qui avaient été fixées, et surtout il fallait un dialogue, qui n’a pas existé", déplore le DTN. "Il n’y a pas eu une réelle volonté de dialogue. La demande de changement de nationalité sportive a été posée comme un sujet quasiment immédiatement. Les conditions de dialogue n’ont pas été réunies. Aujourd’hui, la préservation de l’intégrité des gymnastes est quelque chose de particulièrement important pour la fédération, ça fait partie des exigences du ministère. Et il y avait des choses, sur cet avis médical, sur lesquelles on ne pouvait pas passer."