JO 2024 (football): Hervé Renard, un pari perdu à la tête des Bleues

Tout ça pour ça. Nommé en mars 2023, Hervé Renard a remodelé de fond en comble l'équipe de France féminine mais ses éliminations en quart de finale de la Coupe du monde puis des JO de Paris signent l'échec de sa mission, qui a pris fin samedi.

Son successeur devrait être son éternel adjoint, Laurent Bonadei, 54 ans, selon plusieurs sources. "On se laisse quelques semaines pour faire les annonces nécessaires mais on a anticipé, le choix est mûrement réfléchi, j'ai en tête tout ce qu'il faudrait pour l'équipe de France", a expliqué Philippe Diallo, le président de la FFF.

La révolution entamée à l'arrivée de Renard laisse un grand goût d'inachevé pour les Bleues, alors que leur médiatique sélectionneur avait maintes fois répété vouloir remporter une médaille olympique après la frustration de la 4e place en 2012. C'est raté: les Bleues ont été tristement éliminées en quart au Mondial 2023 puis aux JO 2024, samedi soir face au Brésil (1-0). "J'ai eu tout ce qu'il fallait et je n'ai pas réussi", a commenté Hervé Renard samedi dans les couloirs de la Beaujoire, tout en refusant d'évoquer un "échec", comme l'année dernière.

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"C'est quoi un échec?"

"Vous, vous parlez d'échec. C'est quoi un échec? Quand on ne gagne pas un match et qu'on ne se qualifie pas pour une demi-finale, c'est un échec? Mais il faut analyser sobrement les choses. Cette équipe a tout fait", a-t-il insisté, évoquant une "belle expérience".

"J'ai déjà mis des genoux à terre, j'ai perdu, j'ai gagné, j'ai voyagé. Mais il y a vraiment des gens de grande valeur, et ils pleurent ce soir", a-t-il ajouté, oscillant entre visage fermé et souriant.

Intronisé en grande pompe après l'éviction de Corinne Diacre à quelques mois du Mondial 2023, le charismatique entraîneur a donc raté ses paris, notamment le plus important, celui des JO à domicile. Des promesses sans lendemain, alors que la déception avait déjà été importante après l'élimination précoce en Océanie l'été dernier, faisant un peu retomber l'engouement.

En Australie, il y avait eu l'excuse de la "construction", quatre mois seulement après sa prise de fonction, et surtout une longue liste de blessées: Marie-Antoinette Katoto, Delphine Cascarino, Griedge Mbock, Amandine Henry, Oriane Jean-François.

A part "OJF" non convoquée et Henry remplaçante, les autres étaient titulaires samedi face au Brésil, l'équipe la plus faible des quarts de finale sans sa légende Marta, suspendue. "C'est une déception. On avait de grosses ambitions et les moyens de nos ambitions", a réagi Philippe Diallo, qui avait refusé en janvier la demande de pige d'Hervé Renard avec la Côte d'Ivoire lors de la dernière CAN.

Cette requête de la part d'un coach apparaissant parfois détaché avait posé question, mais les joueuses avaient assuré ne pas avoir été atteintes, ni par cet épisode ni par l'annonce par Hervé Renard de son départ après les Jeux.

"La malédiction continue"

Entouré d'un staff conséquent - quatre adjoints et six autres membres (médecin, kinés) -, le Savoyard, qui n'est donc toujours pas prophète en son pays, a certes redonné du sourire à une équipe qui traînait son spleen depuis plusieurs années. Mais l'ancien coach de l'Arabie saoudite n'aura pas réussi à faire progresser les Bleues. Leur jeu a ainsi été rarement flamboyant, surtout lors de ce tournoi olympique.

Selon Katoto, actuelle meilleure buteuse du tournoi, "la malédiction continue" pour les Bleues, qui doivent désormais regarder leurs défauts en face. Sur les 11 dernières compétitions, l'équipe de France s'est qualifiée seulement à trois reprises dans le dernier carré. Éliminées en quart de finale aux Mondiaux (2015, 2019, 2023), aux JO (2016, 2024) ou à l'Euro (2009, 2013, 2017).

Sous Diacre, la France avait réussi à briser la malédiction à l'Euro 2022, mais les tensions internes et son management décrié ont eu raison de son mandat.

Finalement, Hervé Renard n'aura remporté qu'un seul choc digne de ce nom face à l'Allemagne (2-1) en Ligue des nations en février. Mais ses joueuses se sont faites ensuite surclasser par l'Espagne, championne du monde, en finale.

Juste avant les JO, grâce à deux victoires contre la Suède et une contre l'Angleterre, vice-championne du monde, ses joueuses, actuelles N.2 mondiales, se sont qualifiées à l'Euro 2025. Une maigre consolation.

Article original publié sur RMC Sport