JO 2024: fallait-il choisir Hyères plutôt que Marseille pour les épreuves de voile?

Les athlètes sont à Marseille, mais le vent est lui davantage à Hyères. Si les épreuves de voile se sont achevées dans la marina phocéenne ce jeudi 8 août, celles-ci ont été perturbées tout au long de l'olympiade, voire parfois reportées, pour cause de conditions météorologiques loin d'être idéales pour la pratique.

Une situation que connaissent bien les athlètes de la discipline, régulièrement soumis aux aléas climatiques, mais qui complique leur préparation pour les Jeux. "Ça arrive des journées sans vent. J'ai l'impression que Marseille est assez capricieuse depuis le début de ces Jeux...", remarque la kitesurfeuse toulonnaise Lauriane Nolot, qui a obtenu la médaille d'argent en kitefoil ce jeudi 8 août.

"Une erreur a été commise"

Les reports des épreuves l'ont ainsi obligé à adapter ses journées. "On joue aux cartes avec les autres filles, puisqu'on a que ça à faire. J'essaie de ne pas faire la sieste (...), se remettre dans l'action après c'est hyper compliqué", explique la Varoise.

Comme elle, de nombreux athlètes sont venus s'entraîner sur la plage de l'Almanarre à Hyères à la fin du mois de juillet, où le vent est plus généreux. Ce mercredi 7 août par exemple, il atteignait les 11 nœuds à Hyères contre 6 à Marseille.

De quoi laisser des regrets au maire d'Hyères quant au choix du lieu des épreuves de voile pour ces Jeux olympiques. La ville varoise avait été candidate pour accueillir les épreuves de voile avant que l'organisation ne décide finalement de les attribuer à Marseille. La déception est ainsi "encore plus grande" pour le maire Jean-Pierre Giran.

"On avait tout pour nous: un village olympique existant, un live site, une Marina extraordinaire... Et on avait surtout un spot maritime reconnu dans le monde entier", assure le maire hyérois.

"Je crois qu'on a consulté des sponsors ou des politiques plutôt que des sportifs. C'est ça mon regret", poursuit Jean-Pierre Giran.

Face aux "reports" et aux "difficultés pour naviguer", l'édile décrit des "Jeux tronqués" et assure qu'"une erreur a été commise" en choisissant Marseille plutôt qu’Hyères.

De la frustration chez certains athlètes

Un avis partagé par certains athlètes, pour qui la compétition est déjà terminée et qui n'ont pas réussi à atteindre leurs objectifs en partie à cause du manque de vent. C'est par exemple le cas du Varois Jean-Baptiste Bernaz, qui participait à sa cinquième et dernière olympiade.

"On a été jugés dans des conditions un peu terribles, un peu dures (...). Là, j'ai envie de pleurer, ça fait chier, je suis passé à côté de mes Jeux", déplorait-il dans La Provence lundi.

La frustration est d'autant plus grande que, selon le chef-prévisionniste régional de Météo France Fabrice Dupont, les conditions météorologiques des derniers jours n'ont rien de surprenant. "On a eu des conditions peu ventées et peu favorables à ce qu'on appelle la mise en place du phénomène de brise-marine", détaille-t-il.

Fabrice Dupont poursuit en expliquant que les conditions idéales pour les sports de voile se développent davantage "en automne, voire en fin d'hiver... C'est-à-dire hors de la période estivale où se jouent les Jeux olympiques".

Pas de regrets chez les organisateurs

De son côté, Tony Estanguet, président du comité d'organisation des Jeux, a tenu ce mardi à défendre le choix de la cité phocéenne et assure n'avoir "aucun regret".

"Faut pas revenir en arrière quand on prend des décisions: on est très fier de travailler avec Marseille, de mettre à l'honneur ce territoire, c'est une très belle rade", indique-t-il au micro de BFM Marseille Provence.

S'il reconnaît "des conditions météo" non-idéales à Marseille, il rappelle que celles-ci ne se maîtrisent pas et que "dans le sport de haut niveau, il faut savoir s'adapter aux conditions". Le président du comité d'organisation souligne aussi que les athlètes eux-mêmes "ont l'habitude" de faire face aux conditions météo.

"On avait prévu une fenêtre suffisamment large pour justement pouvoir reporter les compétitions s'il manquait de vent sur quelques jours", précise Tony Estanguet.

Ce jeudi dans une interview à l'AFP, Cédric Dufoix, responsable des sites de Marseille et Nice pour les JO 2024, a estimé que les épreuves s'étaient "extrêmement bien passées", malgré l'absence de vent qui a perturbé les régates.

"Il me semble très difficile de dire qu'il aurait fallu le faire ailleurs. Les athlètes le disent, ils sont habitués, parfois il y a pétole, parfois gros vent. C'est la voile, on est dans l'aléatoire et c'était compliqué d'aller chercher quelque part la garantie d'avoir un vent fort pendant toute la durée des JO", a-t-il ajouté.

Article original publié sur RMC Sport