JO 2024: la boxeuse hyperandrogène algérienne Imane Khelif entre harcèlement et soutien
La boxeuse algérienne Imane Khelif peut bien défendre ses chances à Paris. Elle entrait en lice ce jeudi chez les moins de 66 kg. Une participation qui n'avait rien d'évidente puisqu'elle avait été exclue des Mondiaux par la fédération internationale de boxe, en 2023, à cause de "taux élevés de testostérone", au même titre qu'une autre boxeuse, la Taïwanaise Lin Yu-ting, inscrite chez les moins de 67 kg vendredi.
"Ce sont des femmes dans leur sport, et il est établi dans ce cas que ce sont des femmes, a déclaré Mark Adams, le porte-parole du Comité international olympique (CIO), mardi lors d'une conférence de presse, en refusant de citer le nom des athlètes. Toutes les compétitrices qui participent aux JO, suivent, respectent les règles éligibilité."
Imane Khelif fait l'objet d'une vague de haine et de cyberharcèlement. Sur les réseaux sociaux, certains utilisent le terme "male boxer fighting women" (boxeur hommes combattant des femmes), quand d'autres postent des photos d'hommes à la place de la sienne.
Après son combat remporté sur abandon face à l'Italienne Angela Carini, Elon Musk y est allé de son grain de sel, à coup de retweets de messages transphobes (pour rappel, Imane Khelif est née femme). Le numéro deux du gouvernement d’extrême droite italien Matteo Salvini a lui félicité Carini pour son abandon, en criant "honte aux bureaucrates qui ont permis la tenue d'un tel match clairement pas sur un pied d'égalité".
Son compatriote algérien, le footballeur Ismaël Bennacer, lui a notamment apporté son soutien sur les réseaux sociaux: " Soutien total à notre championne Imane Khelif, qui subit une vague de haine injustifiée. Sa présence aux Jeux Olympiques est tout simplement le fruit de son talent et de son travail acharné. On croit en toi pour porter haut les couleurs de l’Algérie."
Des internautes anonymes ont aussi suivi le mouvement: "Femme elle était, elle est et elle restera", tweete par exemple une internaute en réponse à ceux qui assuraient qu'Imane Khelif avait subi plusieurs opérations. "C'est tellement irrespectueux, je n'imagine pas sa réaction en lisant ça", écrit une autre, espérant qu'elle saura "rester forte".
Un cas qui rappelle Caster Semenya
Le cas de Khelif et Yu-ting fait écho à l'affaire Caster Semenya, spécialiste du 800 mètres en athlètisme mais empêchée de courir dans les catégories féminines depuis qu'elle refuse de prendre un traitement pour faire baisser son taux de testostérone. La Sud-Africaine, depuis plusieurs années, se bat sur le plan judiciaire pour, dit-elle, "défendre ce qui est juste".
Cinquième des Jeux de Tokyo dans sa catégorie, Imane Khelif espère faire briller l'Algérie à Paris. "Je suis consciente de la difficulté de la mission, mais que tout le monde soit rassuré, je vais tout faire pour décrocher une médaille olympique", a-t-elle déclaré au média algérien Horizons. Une médaille serait symbolique, pour elle et pour toutes les athlètes hyperandrogènes.