JO 2024 (eau libre): "Il y a rarement des effets secondaires", assure un médecin sur la nage dans la Seine

Le quatrième plongeon des Jeux olympiques de Paris 2024 dans la Seine a eu lieu ce jeudi matin. Après les trois épreuves de triathlon (hommes, femmes, mixte), les 24 participantes du 10 kilomètres en eau libre se sont jetées dans le fleuve sous les coups de 7h30 et sous un joli soleil matinal. Au programme: six tours depuis le pont Alexandre III jusqu’au pont de l’Alma en passant par les Invalides et environ deux heures de course. Une exposition bien plus longue que celles des triathlètes (1,5 km) et des questions, toujours, sur les répercussions de la qualité de l’eau sur la santé des athlètes.

"Une nageuse buvait l’eau du lac, elle a eu la diarrhée et je l’ai traitée comme pour une gastro-entérite"

Un médecin d’une équipe engagée dans cette course les balaie. Lui ne redoute pas les effets secondaires de cette baignade: "Il n’y en a jamais ou rarement", explique-t-il tout en souhaitant conserver l’anonymat. "On a eu des championnats récemment et sur les 250 nageurs, cinq ont été malades mais certains disent qu’ils étaient malades avant. C’est comme la Belge en triathlon."

Il fait référence à Claire Michel, forfait pour le relais mixte en triathlon en raison, selon la presse belge, d’une bactérie ingérée lors de sa baignade en individu. Mais l’athlète avait démenti cette version en indiquant avoir attrapé un virus et non la bactérie E.coli, à laquelle les nageurs sont exposés en cas de pollution trop importante de l’eau. Pour éviter cela, les équipes prennent leurs précautions bien en amont. Les nageurs suivent des traitements aux probiotiques plusieurs semaines avant, certains ingèrent même des pilules de micro-chlore diluées dans l’eau et absorbées avant et après la course. Mais cette deuxième option a pour effet de dérégler la flore intestinale, la clé d'une bonne forme pendant la course. Si des protocoles sont mis en place, ils restent aussi dépendants du bon vouloir des athlètes à ingérer les produits recommandés.

"Le mieux est d’avoir sa flore intestinale habituelle", reprend le médecin croisé sur le pont Alexandre III. "Il y a une exposition plus longue dans l’eau. A Londres (en 2012), pour éviter des ravitaillements, une nageuse buvait l’eau du lac, elle a eu la diarrhée après, je l’ai traitée comme pour une gastro-entérite et c’est passé. Et l’eau de Hyde Park ne doit pas être bien plus propre."

Il invite ainsi à ne pas se baser sur la "turbidité" de l’eau, son aspect trouble, mais aux résultats donnés. "Il faut être clair, il y a des tests de conformité des eaux de baignade", rappelle-t-il. "Soit l’eau est conforme et il y a un départ, soit elle n’est pas conforme et il n’y a pas de départ, c’est la même chose dans tous les étangs, les rivières… Toutes ces discussions sont inutiles, la preuve c’est que la course a lieu. Que l’eau ne soit pas propre, c’est une chose mais on a tous été persuadés que la course aurait toujours eu lieu."

Mercredi, Mediapart a révélé que les organisateurs avaient caché des résultats de pollution qui n’auraient pas dû permettre la tenue de certaines épreuves de triathlon. Des informations démenties par le comité d’organisation, qui dénonce une lecture erronée des données.

Article original publié sur RMC Sport