JO 2024 (cyclisme sur piste): pourquoi les vélos des pistards, lancés à 70km/h, n’ont pas de frein

Des boules de muscles sur des machines ultra légères. C’est le contraste offert par le cyclisme sur piste, notamment dans les épreuves de sprint ou les coureurs présentent des morphologies surpuissantes avec gros bras et grosses cuisses pour atteindre des vitesses largement les 70 kilomètres/heure. Le tout sans frein. Contrairement aux vélos de route, les machines ne disposent pas de manettes au niveau du guidon pour s’arrêter. Tout se joue au niveau du développement avec une seule vitesse, c’est-à-dire un pignon fixe.

"Si ça tombe devant nous, on ne peut rien faire"

Cela contraint les coureurs à rester continuellement en mouvement avec les jambes. Comment font-ils alors pour s’arrêter? Après chaque course, le ballet des coureurs se poursuit sur la piste pour décélérer progressivement en contre-pédalant, avant d'être arrêtés par un membre du staff pour descendre du vélo. "Ça donne une sensation de vitesse", sourit Grégory Baugé, ancien pistard quadruple médaillé olympique en vitesse (en individuel et par équipe) et actuellement en charge de l’équipe de France de vitesse. "De ce que je me rappelle, ça fait bizarre de ne pas s’arrêter tout de suite, vous êtes obligé de contre-pédaler pour ralentir et perdre de la vitesse."

Mettre des freins sur ses vélos serait en fait dangereux pour les coureurs, qui ne peuvent pas s’arrêter de pédaler. Leur élan leur permet ainsi de maintenir l'équilibre grâce à la force centrifuge dégagée sur le plan incliné. Mais les réflexes ne sont pas innés. "Oui, il y a de l’appréhension au début, sourit Baugé. "Il n’y a pas de frein, ça nous a tous fait la même chose, un peu peur au début mais après on s’y fait." Et cela rend les pistards parfois vulnérables. "On est sûr que si ça tombe devant nous, on ne peut rien faire", lance Baugé.

Sacré champion olympique de l’omnium jeudi soir, le Français Benjamin Thomas alterne, lui, la route et la piste. Une transition entre deux types de matériel différent qu’il a parfaitement réussie. "Déjà j'ai la chance de rouler sur le même vélo sur la route et sur la piste avec la marque Look française", a-t-il expliqué après son sacre. "J'ai axé ma saison sur les JO, je n'ai pas couru sur route depuis les championnats de France au mois de juin et sinon ma dernière course c'était le Tour d'Italie, qui a été vraiment une préparation. J'ai décroché une victoire d'étape là-bas, donc c'était top pour me mettre en confiance et pour aborder cet objectif. Après, je me suis préparé vraiment spécifiquement, j'ai fait beaucoup de stages, on a énormément travaillé avec toute l'équipe de France pour arriver au top ici. Je n'ai pas été beaucoup de jours à la maison ces derniers mois, mais voilà, ça en vaut la peine."

Article original publié sur RMC Sport