JO 2024 (cyclisme sur piste): "Il ne faut pas faire d’erreurs", dans la roue de la moto meneuse d’allure du keirin

Tenue de volontaire Paris 2024 sur le dos, François Lamiraud inspecte une dernière fois sa moto en bord de piste du vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines. C’est lui, sur son bolide, qui ménera les quarts de finale la course féminine de keirin. Il donnera l’allure aux six concurrentes de chaque manche avec un cahier des charges très précis à respecter: un démarrage à 30km/h pour atteindre les 50km/h avant de s’écarter au bout de trois tours pour laisser les cyclistes s’expliquer sur les trois suivants.

>> JO 2024: infos et résultats EN DIRECT

Un permis 125cc, un casque de vélo et une caméra sur le dos

François est en charge des courses féminines, laissant un de ses collègues sur les courses masculines. Il n’est pas pilote professionnel mais salarié de la Fédération française de cyclisme (FFC). Doté d’un permis 125cc, il a obtenu le droit de se mettre au guidon de cette moto électrique de la FFC comme une récompense. "Je suis manager de la filière piste, j’ai un périmètre très large sur la structuration, le développement, la formation des entraîneurs mais aussi de l’équipe de France jeunes junior est espoirs. Je n’avais pas forcément de rôle à jouer sur les JO dans le staff de l’équipe de France. Ça fait partie du ‘home advantage’ d’avoir des têtes connues à certains postes stratégiques de l’organisation."

S’il n’a pas de diplôme spécial, le meneur d’allure a une certaine "expertise" de la fonction pour avoir piloté lors des championnats du monde de Roubaix en 2021 et de Saint-Quentin-en-Yvelines en 2022. "Je n'ai pas besoin d’autre chose que le permis, des formations existent à la Fédération pour piloter lors des entrainements avec au moins une petite attestation pour dire qu’on est bien apte à tenir des bonnes trajectoires et piloter en toute sécurité."

Equipé d’un simple casque de vélo sur la tête et d’une caméra sur le dos pour filmer les coureurs, il assure ne "pas stresser" avant les courses. "La première série de qualifications, je me suis dit, j’y suis et il ne faut pas faire d’erreurs", explique-t-il.

"Je suis assez serein parce que je sais ce que j’ai à faire, il faut juste être en forme ce jour-là"

Le moment le plus critique se situe finalement "à basse allure". "Quand on va au-dessus de 40 kilomètres, ça va tout seul mais moins on va vite, plus la moto est droite par rapport à la piste et on a moins d’adhérence. Plus on ira vite, plus l’adhérence est facile et moins on a peur."

Appliqué, François a scotché un papier avec les indications de vitesse sur sa moto "comme ça je n’oublie rien". "Chaque demi-tour, on a une allure à respecter pour prendre les coureurs à 30km/h et les lâcher à 50km/h, c’est quelque chose de très normé par l’UCI", ajoute-t-il. "Je pilote régulièrement la moto, on a fait quelques entraînements il y a deux jours pour faire la dernière répétition parce qu’on a vraiment un tableau de marche à respecter."

Mais les réflexes sont là avec une utilisation quasi quotidienne de l’engin avec les coureurs. Pour les JO, un rouleau de protection a été ajouté au niveau du pot d’échappement pour éviter d’éventuelles collisions avec des coureurs trop proches. "Si le coureur vient toucher, le rouleau tourne, il n’y a aucun risque de chute", explique-t-il.

Son modèle, électrique et plus écologique, tranche avec ceux de la marque Derny qui envoyaient les échappements au visage des coureurs et "pouvaient laisser des traces d’huile" sur la piste. Les responsables ont aussi essayé l’expérience du vélo électrique. "Je l’avais fait lors de championnats de France mais le vélo n’était pas débridé et j’avais dû pédaler super fort et ça fait longtemps que je ne fais plus de vélo", lâche-t-il dans un grand sourire. Son visage s’amuse aussi du buzz sur les réseaux sociaux sur ce drôle de vélo en tête de peloton. "C’est fou", conclut-il. "Ici aussi, le public me pose plein de questions en bord de piste."

Article original publié sur RMC Sport