JO 2024: Coca-Cola, épinglé pour l'utilisation massive du plastique, avance des raisons "logistiques"

"Zéro plastique à usage unique pour l'accueil des Jeux olympiques et paralympiques": l'objectif était posé par la Ville de Paris dès 2019. Pourtant, quelle ne fut pas la surprise de nombreux visiteurs lorsque, arrivés devant une buvette sur un site olympique tenu par Coca-Cola (sponsor et distributeur exclusif des boissons lors de l'évènement), ils ont pu constater que des bouteilles en plastique étaient transvasées dans des... gobelets en plastique, des écocups consignés.

Éric Desbonnets, vice-président opérations et développement durable Paris 2024 pour Coca-Cola en France, a justifié ce mercredi 7 août sur RMC, dans la Matinale olympique, cette utilisation décriée du plastique. "L’ambition, c’est mettre des dispositifs qui encouragent la restitution de l’emballage et à sa collecte", a-t-il expliqué.

Une "médaille d'or du greenwashing" a dénoncé le 2 août France Nature Environnement. Selon une note consultée par Le Monde et France Nature Environnement en juin, 6,4 millions de boissons seront "ainsi vendues aux spectateurs à partir de bouteilles en plastique, contre seulement 1,6 million à partir de fontaines ou bouteilles en verre". Un chiffre revu à la hausse depuis par Paris 2024, avec une estimation à 15,8 millions d'unités, selon les informations de Franceinfo.

700 fontaines installées, affirme Coca-Cola

Éric Desbonnets a rappelé les annonces faites par Coca-Cola en amont de l'évènement, à savoir l'installation de 700 fontaines à boissons. "700 sont mises en oeuvre dans les sites de Paris" a-t-il affirmé. Des bouteilles en verre sont également présentes, notamment "dans les espaces hospitalité" et sur "certains sites de compétition", peut-on lire sur le site de la multinationale.

Cependant, quand les fontaines ne peuvent être installées "pour des raisons d'infrastructures, de logistiques ou parce que des stades, comme le Stade de France, n'ont pas suffisament d'évènements à l'année, on utilise des bouteilles PET, qu'on collecte à la source", détaille Éric Desbonnets.

Éviter les bouteilles en plastique qui "traînent par terre"

"Notre ambition est que les sites soient propres et sans déchets", a-t-il expliqué, justifiant la décision de transvaser les bouteilles dans les gobelets consignés. Sur le Stade de France en particulier, il a également rappelé que celui-ci interdisait depuis plus d'un an le "service direct dans les bouteilles pour des raisons de sécurité".

Selon lui, Coca-Cola permet ainsi "d'intégrer directement" les bouteilles "dans la boucle de recyclage" et notamment dans leur site de recyclage, près de Beaune, en Côte-d'Or. "Nous voulons faire en sorte qu'une bouteille puisse redevenir une bouteille."

Des écocups pourtant peu récupérés

Pour autant, ce sont bel et bien des millions d'écocups, en plastique, qui sont utilisés pour l'occasion, sachant que ces derniers, consignés, ne sont généralement pas rendus. Siglés JO 2024 ou Coca-Cola, ils s'assimilent pour certains à un objet "souvenir" et choississent de le ramener à leur domicile. D'autres ne veulent pas faire la queue, parfois importante, pour récupérer leur consigne, quand d'autres, enfin, se voient contraints de le garder puisque certaines buvettes sont fermées à la sortie des épreuves olympiques.

Ces gobelets vont "revenir aux Jeux Paralympiques et pourront être redeployés vers des clubs de sports", a répondu Éric Desbonnets, concédant néamoins que cette "deuxième vie" était "gérée" par Paris 2024. Ce dernier a également assuré que le choix d'utiliser des gobelets en plastique plutôt qu'en carton, pourtant moins polluant à la fabrication, était motivée par sa plus grande "durée dans le temps", à condition "qu'il soit recyclé", "contrairement au carton qui va se retrouver en déchet".

Des bouteilles à usage unique distribuées aux athlètes

Autre élément dont s'insurge France Nature Environnement, la distribution de bouteilles en plastique à usage unique aux athlètes. "4,9 millions de boissons seraient fournies aux athlètes dans une bouteille en plastique à usage unique" pour un "impératif de santé publique", révélait L'Equipe en 2023, selon une note du Cojop réalisée en collaboration avec Coca-Cola.

Une pratique qui contrevient à la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (AGEC) qui interdit la distribution gratuite de bouteilles en plastique dans les établissements recevant du public, sauf par exemple en cas d’impératif de santé publique. Motivé invoqué par le Cojop, estimant que la bouteille plastique est le seul moyen "d’éviter le dopage par sabotage", expose l'association.

Coca-Cola désigné premier pollueur plastique mondial

Coca-Cola, l'un des sponsors les plus anciens des JO, depuis 1928, a été désigné pour la sixième année consécutive comme le plus grand pollueur plastique au monde, selon les chiffres de l'ONG Break Free From Plastic. Selon elle, qui a réalisé des collectes dans 41 pays, la firme est responsable de plus de 6% des 537.719 déchets ramassés par les volontaires.

Et pourtant, cela n'avait pas empêché la marque de soda d'être sponsor de la Cop27 en Egypte. Le plastique est au coeur du modèle économique de Coca-Cola. Dans sa documentation financière, le groupe indique avoir produit en 2022 (dernière année disponible) environ 134 milliards de bouteilles en plastique, soit 4.250 chaque seconde. Or, dans de nombreux pays, le recyclage est défaillant et les bouteilles finissent en décharges ou dans l'environnement, rappelle l'AFP.

En outre, Coca-Cola fait l'objet d'un redressement fiscal aux États-Unis d'au moins 6 milliards de dollars. La compagnie va faire appel.

Article original publié sur RMC Sport