JO 2024: beaucoup d'argent et moins d'or... La France a-t-elle un problème avec les finales?

Une goutte d'amertume dans un océan de fierté. Avec 64 médailles, la France a écrasé de 21 unités son record historique de Pékin 2008. Mieux, la délégation tricolore termine "ses" Jeux à la 5e place au tableau des médailles, ce qui était l'objectif annoncé. Pas de doute, le contrat est plus que rempli.

Mais puisqu'il faut bien trouver une ombre au tableau, esprit français oblige, il restera une petite frustration face au nombre de médailles d'or ramenées par les athlètes tricolores. Car sur les 64 médailles bleues, seules 16 sont faites du plus précieux des métaux. Pire: sur les 26 médailles d'argent françaises, 15 sont le fruit d'une défaite lors d'une finale en un contre un, en individuel ou par équipes.

Si le cas particulier de Sara Balzer, battue par sa compatriote Manon Apithy-Brunet, peut être classé à part, il reste un constat incontestable: les Français ont perdu 15 des 21 finales où ils affrontaient un athlète étranger. Soit un taux de victoire de 28,6%, bien loin des 72,7% affichés par les Etats-Unis.

Les modèles coréen et néo-zélandais

Alors la France a-t-elle un problème avec les finales? Avant les JO, l'institut Gracenote imaginait les Bleus remporter 27 titres olympiques pour un total de 60 médailles. Si le pronostic total est dépassé, beaucoup de médailles d'or manquent à l'appel, comme le reconnaît Claude Onesta. "On a aujourd'hui identifié 14 médailles qui auraient pu être en or. Et pas de l'ordre du miracle, de l'ordre de la performance considérée comme normale. On en aurait converti à peine 5 sur ces 14, on serait troisième et ce ne serait pas la même histoire", explique le manager de la haute performance de l'équipe de France.

Pour Amélie Oudéa-Castéra, certains pays font ainsi figure d'exemple en matière de chasse à la plus haute marche du podium. "On fera notre analyse mais aussi celle des concurrents. Et notamment la conversion à l'or des Coréens et des Néo-Zélandais", explique la ministre des Sports démissionnaire.

Avec 13 médailles d'or, dont un incroyable grand chelem en tir à l'arc, la Corée du Sud a plus que doublé son total de titres olympiques de Tokyo. Quant à la Nouvelle-Zélande, minuscule pays d'à peine 5 millions d'habitants, elle peut se vanter de revenir avec autant de titres olympiques que la France à Tokyo (10) et un taux de médailles d'or de 52,6% (10 or, 7 argent, 2 bronze).

"Il n'y a pas de gueule de bois à avoir"

Mais si ces nombreux échecs en finale se doivent d'être étudiés, ils ne sauraient cacher la très belle performance collective de l'équipe de France. Refusant de voir le verre à moitié vide, David Douillet préfère ainsi regarder le tableau général plus que la seule première colonne.

"Je ne suis pas pessimiste quand je vois ça", explique le double champion olympique de judo.

"Le contrat, c'est le podium. Après l'or, c'est le petit truc en plus, le Graal. Mais c'est très difficile à aller chercher, c'est extrêmement compliqué. Pour moi ces médailles d'argent, ce ne sont pas des échecs. Il n'y a pas de gueule de bois à avoir", poursuit-il.

L'ancien ministre des Sports va même jusqu'à appeler à changer la méthode de classement des nations. "On est face à une comptabilité des médailles qui ne me va pas, confie-t-il. On ne se focalise que sur l'or. On ne peut pas juger de la santé sportive d'une nation qu'en se basant sur l'or, il faut prendre la globalité des médailles".

Article original publié sur RMC Sport