JO 2024: (athlétisme) nouvelle reine du 100m, Julien Alfred offre à l'île Sainte-Lucie sa première médaille olympique

Elle n'a pas seulement remporté une médaille d'or, elle a écrit une page d'histoire de son île. La sprinteuse de Sainte-Lucie Julien Alfred est devenue championne olympique du 100 m aux Jeux de Paris en surprenant la grande favorite, l'Américaine Sha'Carri Richardson, sous la pluie diluvienne qui s'abattait sur l'élégante piste violette du Stade de France samedi.
La sprinteuse de 23 ans offre ainsi à son île caribéenne de Sainte-Lucie, qui compte environ 180 000 habitants et participe aux Jeux depuis 1996, la toute première médaille olympique de son histoire. Elle a largement dominé la finale grâce à un départ canon et s'est imposée en 10''72 devant Richardson (10"87) et une autre Américaine, Melissa Jefferson (10"92).

Si elle avait manqué les Jeux olympiques de Tokyo en 2021 à cause d'une blessure à un ischio-jambier, Lucie Julien Alfred avait déjà brillé pour la petite île des Caraïbes, placée au sud de la Martinique et au nord de Saint-Vincent et les Grenadines, dans l'environnement olympique aux Jeux de la jeunesse avec l'argent du 100 m en 2018. Ancienne star universitaire aux Etats-Unis avec l'Université du Texas, elle s'entraîne dans le groupe d'Edrick Floreal, en compagnie notamment de la Britannique Dina Asher-Smith et de l'Irlandaise Rhasidat Adeleke, prétendante au podium du 400 m.

"J'ai toujours voulu gagner, à tout prix, je déteste perdre"

"Cette médaille serait surtout importante pour mon entraîneur et moi, récompense de nos sacrifices", disait-elle lors d'un point presse jeudi. La sprinteuse, qui a perdu son père dans sa jeunesse, avait quitté son foyer à 14 ans pour rejoindre 1 800 kilomètres plus loin la Jamaïque et son système scolaire, fabrique à sprinteurs.

"Je rêvais de rejoindre le pays d'Usain Bolt, l'homme le plus rapide du monde. Ma mère ne s'y est pas opposée, elle savait que ce sacrifice de laisser famille et amis derrière moi était nécessaire pour atteindre mes objectifs. Ça a été dur sans eux, de m'habituer à une nouvelle culture, de ne rentrer que les étés, j'ai grandi plus vite que les autres. J'ai toujours voulu gagner, à tout prix, je déteste perdre", raconte cette ancienne spécialiste des épreuves combinées qui, plus que son île, se dit fière de "représenter les Caraïbes", qui conservent donc le titre du 100 m féminin, après quatre succès de la Jamaïque.

La double tenante Elaine Thompson-Herah n'est pas à Paris, blessée, Shericka Jackson a décidé de se préserver pour le 200 m, et l'éternelle Shelly-Ann Fraser-Pryce, titrée en 2008 et 2012, a déclaré forfait juste avant les demi-finales pour ses derniers JO.

Article original publié sur RMC Sport