Jeux paralympiques: lames, prothèses, fauteuils... Combien coûtent les équipements pour pratiquer un handisport?

Après le succès des Jeux olympiques, l'engouement se prolonge à l'occasion des Jeux paralympiques qui s'achèvent dimanche. Entre les quelque 2 millions de billets vendus et les audiences télévisuelles à des niveaux records pour des Paralympiades, de nombreux Français découvrent des disciplines peu médiatisées le reste de l'année. Et cette vitrine dont bénéficie le handisport peut éveiller l'intérêt de certaines personnes en situation de handicap souhaitant pratiquer une activité sportive.

Mais derrière les 4.400 athlètes paralympiques qui concourent à Paris se cachent des investissements particulièrement importants, notamment sur le plan financier. En effet, les équipements peuvent sensiblement varier d'un sportif à l'autre en fonction de sa discipline évidemment, mais aussi de la nature et du degré de son handicap ou encore de caractéristiques physiques et morphologiques.

"Plus qu'un équipement par discipline, c'est presque un équipement par athlète en réalité", estime Charles Henry, responsable marketing chez Ottobock.

Cette entreprise, qui a la charge de l'atelier de réparation des équipements des athlètes au sein du village paralympique, propose plusieurs solutions aux pratiquants d'handisport lesquelles vont des lames sportives aux prothèses et orthèses en passant par les fauteuils roulants. Charles Henry prend d'ailleurs ce dernier exemple pour illustrer la variété des déclinaisons qui peuvent survenir sur un seul et même type d'équipements: "Quasiment tous les fauteuils sont différents entre ceux pour le sprint qui comportent trois roues, ceux pour le rugby-fauteuil qui sont conçus pour résister à des chocs importants, ceux pour le basket-fauteuil qui doivent être plus 'ouvert' pour faciliter la prise de shoots ou encore ceux pour le tennis-fauteuil qui doivent être particulièrement mobiles, ne serait-ce que pour les services."

Des sommes à cinq chiffres pour la compétition

Pour assurer la performance de l'athlète, les équipements doivent être confectionnés sur-mesure et nécessitent donc beaucoup de réglages, ce qui alourdit la facture. A titre d'exemple, un "fauteuil actif" affiche un prix moyen de 8.000 euros, mais ce prix cache d'énormes disparités. Ainsi, un fauteuil multisport d'initiation peut coûter aux alentours de 1.000 euros, mais la facture peut vite dépasser les 10.000 euros pour un appareil destiné à pratiquer le basket-fauteuil ou le rugby-fauteuil en compétition avec un prix de départ à 5.000 euros. Les sommes à cinq chiffres sont aussi facilement atteintes en ce qui concerne les prothèses de compétition pour sauter ou courir, de 15.000 à 30.000 euros. Dans le cas d'une prothèse fémorale équipée d'une lame en carbone, il faut ajouter aux 20.000 euros le coût de changement de la lame tous les 15 mois d'environ 3.000 euros.

Si les athlètes de haut niveau peuvent bénéficier du soutien financier de sponsors ou de leur club pour alléger le reste à charge, ce n'est pas le cas des amateurs qui représentent un marché de niche dont les grands équipementiers sportifs ne se sont pas encore emparés.

"Ce n'est pas demain qu'on verra Nike ou Adidas s'y mettre car la population en situation de handicap et jeune pour être en capacité de pratiquer un sport fait que le marché est réduit", estime Charles Henry qui appelle à favoriser la capacité d'accès de ce public au sport et la prise en charge des équipements.

"Comme les équipements sont vendus à petite échelle, les coûts de recherche et et développement sont importants et par conséquent les prix aussi."

Decathlon, rare acteur majeur à investir le marché

À ce jour, Decathlon est le seul grand équipementier sportif à avoir pleinement investi ce qui s'apparente encore à un marché de niche. Après un projet pilote en Italie entre 2016 et 2018, l'enseigne propose depuis deux ans une gamme de produits pour les personnes en situation de handicap et à des prix davantage accessibles. Le prix des fauteuils varie entre 2.000 et 3.000 euros en fonction de la discipline (athlétisme, basket, escrime, handbike et sport de raquette) tandis que les sangles de jambes sont vendues à une soixantaine d'euros. Des pantalons et vestes de survêtement faciles à enfiler affichent un prix de 50 euros. Le kit de cécifoot comprenant balle et masque occultant est quant à lui vendu à 55 euros.

En France, la Fédération française handisport et la Fédération française du sport adapté regroupent plus de 80.000 licences. D'après l'enquête sur les pratiques physiques et sportives menée l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (INJEP) au début de la décennie, 32% des personnes handicapées de 15 ans ou plus ont une pratique sportive régulière et 47% au moins une fois au cours des douze derniers mois.

Article original publié sur RMC Sport