Jeux paralympiques: "Bon sens et équité", dans une lettre, Elena Congost réclame aux autorités que sa médaille lui soit rendue

Elena Congost ne baisse pas les bras. Plus de deux semaines après la clôture des Jeux paralympiques, la marathonienne espagnole poursuit son combat pour obtenir la médaille de bronze qu'elle estime mériter, et dont elle a été privée en raison d'une application stricte du règlement.

Le 8 septembre, à quelques foulées de la ligne d'arrivée du marathon T12, réservé aux parathlètes malvoyants, son guide est frappé d'une crampe. Mia Carol, de son nom, est à deux doigts de chuter. Elena Congost lui vient en aide et lâche, brièvement et malencontreusement, la corde qui les unit. Ce qui est prohibé.

Si le duo espagnol jouissait de plus de trois minutes d'avance sur Misato Michishita, il a finalement été disqualifié. C'est bien la Japonaise qui est grimpée sur la troisième marche du podium.

Un éminent avocat

Cette décision, la marathonienne la conteste vivement. Pour défendre son cas, elle s'est adjugée les services de Me Jean-Louis Dupont, éminent avocat belge. Le conseil s'est notamment illustré en 1995 dans l'affaire de l'arrêt Bosman, qui a bouleversé le monde du football en mettant fin aux quotas de nationalités au sein des clubs de football européens.

Dernièrement, Me Jean-Louis Dupont a adressé une missive au Comité paralympique, au Comité d'organisation des Jeux de Paris et même au ministère des Sports français, relate L'Équipe, pour faire valoir le bien-fondé de la requête de sa cliente.

Dans sa lettre, également consultée par Marca, l'avocat belge appelle "au bon sens et à l'équité". "Nous ne développerons donc pas une argumentation juridique détaillée établissant que la règle en question, telle qu'appliquée dans ce cas, est illégale et que Mme Congost devrait effectivement recevoir la médaille de bronze qu'elle a légitimement gagnée", écrit-il.

"Il ne sera pas nécessaire de recourir à la loi"

Le règlement, plaide-t-il, est pensé pour éviter les gains de temps. Ce que Me Jean-Louis Dupont estime justifié. Or "chacun comprend que, dans cette situation, il n'y a pas eu fraude, mais assistance à une personne potentiellement en danger. Lâcher la corde n'a pas fait gagner du temps à Elena Congost, au contraire, cela lui en fait perdre", pointe l'avocat.

"Il ne sera pas nécessaire de recourir à la loi ou à quelconque procédure judiciaire: votre sens de la justice sportive et de l'équité vous conduira sans doute à prendre la seule décision juste (et juridiquement correcte), à savoir attribuer à Mme Congost la médaille qu'elle mérite", poursuit l'intéressé.

Me Jean-Louis Dupont lance enfin une forme d'ultimatum aux autorités pour rectifier "à l'amiable" leur décision: le 20 octobre. Il n'appelle pas à déchoir Misato Michishita de sa médaille de bronze, mais à en attribuer une deuxième à Elena Congost.

Au-delà du métal, symbole de la performance de la Catalane, il en va des conditions de vie de la parathlète. En Espagne, décrocher des médailles leur permet d'obtenir des bourses facilitant grandement leur préparation sportive et leur vie de tous les jours.

Article original publié sur RMC Sport