Jeux paralympiques: qui est Bebe Vio, icône mondiale du paralympisme qui a porté la flamme à la Concorde
Michaël Jeremiasz s’épuise à le répéter sur tous les tons: les athlètes paralympiques ne sont "pas des super héros". Le chef de mission de la délégation tricolore assume une position qui fait débat au sein du mouvement paralympique sur la juste façon de considérer les athlètes qui s’apprêtent à nous émerveiller cette semaine à l’occasion des Jeux paralympiques de Paris.
L’Italienne Beatrice "Bebe" Vio, qui a eu l'honneur d'être l'une des dernières porteuses de la flamme lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux paralympiques, n’est pas une super héroïne, elle est bien plus que cela. Née à Venise, l'escrimeuse amputée des quatre membres est tout à la fois une sportive de très, très haut niveau (quadruple championne du monde, quintuple championne d’Europe), une immense star dans son pays, une icône internationale et médiatique dont la voix porte, une femme engagée, une source d’inspiration pour la jeunesse. Sa spécialité? La résurrection.
Un modèle de résilience
Elle est encore jeune enfant, l’une des meilleures escrimeuses de sa catégorie d’âge, quand sa vie bascule en 2008. La fleurettiste italienne de 27 ans, double championne olympique en titre (2016 à Rio, 2020 à Tokyo), est alors touchée par une méningite foudroyante accompagnée de nécroses. Les médecins ne lui donnent que 3% de chances de survie.
"Je pense que j'ai eu beaucoup de chance: au cours des deux premières semaines passées à l'hôpital de Padoue, cinq enfants sont morts dans la chambre voisine de la mienne, confie-t-elle à la Gazzetta dello Sport en 2020. Ma maladie tue 97% des gens et les autres, s'ils survivent, contractent des infections plus tard ou sont déprimés toute leur vie. Si vous faites partie des 3% de chanceux, réveillez-vous et profitez-en pour tous ceux qui n'ont pas survécu."
Si la maladie ne lui a à coup sûr pas transféré de super pouvoirs, elle a en revanche bouleversé sa façon d’appréhender l’existence. "Je suis une femme chanceuse! Je vais très bien avec mes quatre paires de jambes, mes mains Robocop et les marques sur mon visage cicatrisé. Je ne me reconnaîtrais plus sans eux", écrit-elle dans son livre Mi hanno regalato un sogno (en français: Ils m’ont donné un rêve).
"Si cela paraît impossible, alors, on peut le faire!"
Désormais, elle vivra, et combattra de toutes ses forces pour son premier et grand amour, le sport. Ce qu’il crée. "Il sait changer le monde par sa joie et sa simplicité", confiait-elle au magazine Icon Italy en juin. Après avoir croisé le fer avec la maladie et porté l’estocade pour terrasser un ennemi qui semblait imbattable au prix d’immenses sacrifices et de douleurs insupportables, Bebe Vio est devenue un modèle de résilience, s’imposant très jeune comme une figure d’émancipation, un exemple de combativité au fil de ses exploits.
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Son mantra? "Si cela paraît impossible, alors, on peut le faire!" Sa popularité et l’image qu’elle véhicule, Bebe Vio s’en est toujours servie pour donner du courage à ses semblables, et surtout promouvoir le handisport à travers différentes initiatives, la Bebe Vio Academy ou encore art4sport, une organisation prônant le sport comme thérapie pour soutenir les enfants amputés. Sa communauté sur Instagram rassemble 1,3 millions de followers. Dior, l’Oréal… Les marques de luxe se l’arrachent, même les constructeurs automobiles rêvent de signer l'égérie qui fait la une des plus grands magazines.
Sa notoriété est telle que son passage en mai dernier sur le tapis rouge du festival de Cannes éclipse les vedettes du cinéma, quand elle n’est pas conviée à dîner à la Maison Blanche. Son incroyable histoire a déjà fait l'objet d'un documentaire Netflix accalmé par la critique, intitulé Comme des Phénix: l'esprit paralympique. Déterminée à faire bouger les lignes depuis qu’elle a repris le cours de sa vie en 2010, Bebe Vio pense déjà à la suite et rêve plus haut. Son souhait? Devenir présidente du Comité paralympique italien pour les Jeux de Los Angeles. En attendant, c’est à Paris que Bebe Vio va continuer à servir son sport en célébrant la vie.