Jeux paralympiques 2024: pourquoi les sourds et malentendants n'y participent pas
Aux Jeux paralympiques, qui se tiennent à Paris du 28 août au 8 septembre, les athlètes sont classés par catégorie selon la nature et la gravité de leur handicap. En para-athlétisme, par exemple, les courses T11 à T13 sont réservées aux déficiences visuelles. Les épreuves libellées T61 à T64 concernent les amputations de membres inférieures. Mais il n'y a rien pour la déficience auditive, quelle que soit la discipline. Un constat logique: les sourds et malentendants ne participent pas aux Jeux paralympiques, mais aux Deaflympics (Jeux olympiques des sourds ou Jeux mondiaux des sourds).
Il ne s'agit pas d'un oubli. Ces Deaflympics sont organisés depuis 1924. Une date bien antérieure à celle de la création des Jeux paralympiques, qui remonte à 1960 (dans leur ère contemporaine) ou 1948 (dans leur première version née à Stoke Mandeville en Angleterre).
Soutien "massif" au sein de la communauté
La coexistence du Comité international des sports des sourds (CISS) et du Comité international paralympique (CIP) a fini par créer des conflits dans les années 1990, entre des fédérations sportives et des comités olympiques nationaux. Ce qui a alors permis de trancher sur la question de la fusion des deux événements. La réponse s'est articulée autour d'une réflexion très pragmatique: inclure les sourds et malentendants serait trop lourd sur le plan logistique pour les Jeux paralympiques, calibrés pour durer une semaine et demi avec déjà 4.400 athlètes.
Cette décision est totalement défendue par le Comité international des sports des sourds, qui considère difficile d'adapter à leur guise les Jeux olympiques et paralympiques. "Au sein de la communauté sourde, le soutien à des Jeux séparés est massif. Les personnes sourdes ne se considèrent pas comme invalides, en particulier sur le plan physique. Nous nous considérons plutôt comme faisant partie d'une minorité culturelle et linguistique", avance l'instance, reconnue par le Comité international olympique depuis 1955.
"L'athlète sourd est physiquement apte à concourir sans restrictions significatives, à l'exception des barrières de communication, explique aussi le CISS. Dans les sports d'équipe et certaines épreuves individuelles, la perte d'audition peut être une contrainte. Cependant, ces restrictions disparaissent aux Jeux des sourds. Les sports et leurs règles sont identiques à ceux des athlètes valides. Il n'y a pas de sports spéciaux et les seules adaptations consistent à rendre les signaux auditifs visibles. Par exemple, nous utilisons des lumières stroboscopiques pour les signaux de départ".
Au minimum 55 décibels en moins
Le CISS a aussi réponse aux réflexions sur le coût de son événement: "Les économies d'échelle sont illusoires. Le fait que les athlètes sourds participent aux Jeux paralympiques plutôt qu'à leurs propres Jeux ne permettrait pas d'économiser de l'argent. Au contraire, cela coûterait plus cher. Àl'heure actuelle, les Jeux des sourds sont organisés de manière très économique, les coûts les plus importants concernant les sites et les officiels. Les équipes individuelles supportent les coûts habituels de nourriture, d'hébergement, d'uniformes, d'équipement et de personnel de soutien".
Pour participer aux Deaflympics, qui comptent environ 2.500 participants, il faut faire état d'une perte auditive d'au moins 55 décibels dans la meilleure oreille.
La dernière édition estivale s'est tenue à Caxias do Sul (Brésil) en 2022. La prochaine est prévue à Tokyo en 2025. La première, elle, s'était tenue à Paris.