Jeux paralympiques 2024: la colère de la marathonienne espagnole disqualifiée, à son retour à Barcelone
24 heures plus tard, la déception n'est pas retombée. De retour à Barcelone après les Jeux paralympiques de Paris, Elena Congost ne digère toujours pas la disqualification qui lui a été infligée à l'issue du marathon T12, la catégorie des athlètes déficients visuels.
Dimanche 8 septembre, la Catalane de 36 ans a franchi la ligne d'arrivée de l'épreuve à la troisième place avec environ trois minutes sur sa poursuivante. Mais elle a été privée de sa médaille de bronze en raison d'une application stricte du règlement.
À quelques mètres de la ligne d'arrivée, elle a porté assistance à son guide, Mia Carol, perclus d'une crampe. Ce faisant, la trentenaire a brièvement lâché la corde qui l'unissait à lui. Ce qui est prohibé.
"Il n'y avait aucun avantage"
Interrogée par Antena 3 ce lundi à son retour au pays, Elena Congost s'est dite "d'un côté très fière et très satisfaite du travail effectué au cours de l'année", ce qui a permis à sa course de "très bien se passer", mais elle fustige une lecture froide de l'article 7.9.5.
"Il faut savoir interpréter les règles", rétorque-t-elle. "En fin de compte, la règle est faite pour qu'aucun athlète ne tire profit du fait de lâcher la corde. Dans ce cas, je pense que tous ceux qui ont vu les images ont clairement vu qu'il n'y avait aucun avantage."
"À quatre kilomètres de la fin, [Mia Carol] m'a demandé de ralentir parce qu'il souffrait beaucoup", rembobine l'athlète paralympique. Ce qu'elle a fait sans broncher compte tenu du matelas d'avance dont disposait le duo.
La difficulté d'expliquer la disqualification à ses enfants
Elena Congost l'assure, elle a agi à "l'instinct". "Plus que des athlètes, nous sommes des êtres humains", surenchérit-elle. Avec Mia Carol, "on est un tandem, on est une équipe" et elle n'aurait pas pu faire autrement. De toute manière, elle affirme que si c'était à refaire, elle le referait.
"Nous sommes des personnes et je pense qu'il y a avant tout des valeurs. J'ai quatre jeunes enfants et hier, ils n'ont pas compris pourquoi j'ai puni pour avoir aidé quelqu'un", relate la championne paralympique 2016, estimant avoir été "volée".
L'intéressée a reçu le soutien du président du Comité paralympique espagnol, Alberto Jofre. Ce dernier a bien tenté de porter réclamation pour faire annuler la disqualification mais il n'a pas été entendu.
Des "milliers" de messages de soutien
À ce stade, Elena Congost ne sait pas précisément comment s'y prendre pour contester sa disqualification auprès de "plus hautes sphères", comme le Comité international paralympique. Elle espère en tout cas que sa requête aboutira car elle "méritait cette médaille".
En attendant, Alberto Jofre lui a indiqué être "très fier" de sa performance et l'a assurée "qu'il présenterait une demande pour qu'[elle] reçoive une bourse", normalement attribuée aux athlètes médaillés.
"Je ne sais pas si je serai traitée comme une médaillée de bronze ou non, mais je suis très reconnaissante de ce geste", a déclaré Elena Congost. "Mais il faut voir de quel type d'aide il s'agit parce qu'en fin de compte, les bourses sont notre revenu mensuel, c'est notre travail et évidemment, sans des finances qui peuvent être soutenues, il est impossible d'endurer quatre années de travail supplémentaires."
À défaut d'avoir -pour l'instant- empoché la médaille de bronze, Elena Congost a touché les cœurs de ses compatriotes. En 24 heures, elle affirme avoir reçu des "milliers" de messages de soutien. Ce qui n'est pas sans l'émouvoir.