Jeux paralympiques 2024: Champs-Élysées, Concorde, vasque olympique... les infos sur la cérémonie d'ouverture

À la base du projet de Paris 2024, seule la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques devait se tenir "hors stade" et donc sur la Seine. En voyant le projet élaboré par Thomas Jolly et ses équipes, les athlètes paralympiques ont demandé à avoir, eux aussi, droit une cérémonie iconique, imaginée par le même metteur en scène. Quelque chose "d'aussi ambitieux". Peu à peu, l'idée d'utiliser le parc urbain de la Concorde a ainsi pris forme.

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• Horaires et lieux

La cérémonie d'ouverture des Jeux paralympiques débutera à 20 heures et prendra fin vers 23h30 mercredi 28 août.

La parade des 5.100 athlètes s'élancera depuis le bas des Champs-Élysées. Une zone où 15.000 spectateurs pourront prendre place gratuitement sur la base du premier arrivé, premier servi. Des écrans géants seront disposés sur cette partie pour permettre à ces spectateurs de suivre le reste de la cérémonie.

Les représentants des 168 délégations se dirigeront vers la place de la Concorde, où 35.000 spectateurs ayant acheté une place seront regroupés.

La vasque olympique située dans le Jardin des Tuileries, la même que celle utilisée lors des JO, s'élevera de nouveau dans le ciel de Paris au cours de la cérémonie. La zone sera ouverte au public avec une jauge de 30.000 spectateurs. Comme sur les Champs-Élysées, l'accès sera gratuit sur la base du premier arrivé, premier servi.

À noter également que des Phryges, aussi bien olympiques que paralympiques, seront présentes tout au long du parcours.

Au total, 13 chefs d'État et de gouvernement seront présents pour assister au spectacle proposé par 140 artistes, dont 16 performeurs en situation de handicap. Les chorégraphies ont été confiées au Suédois Alexander Ekman.

• La place de la Concorde réaménagée pour l'occasion

Le site de la place de la Concorde a été transformé dès la fin des Jeux olympiques. "On était partis pour utiliser les quatre stades (des sports urbains des JO, ndlr), mais c'était très compliqué", relate Thierry Reboul, le directeur exécutif des cérémonies.

Des tribunes ont donc été enlevées, d'autres ajoutées, pour "créer une convergence du regard et créer une arène unique". "On a travaillé jour et nuit depuis la nuit de la cérémonie de clôture pour transformer la place de la Concorde", poursuit-il. Une grande scène centrale d'environ 3.000 m² autour de l'obélisque accueillera les parties artistiques de cette cérémonie.

• Un lieu iconique de l'histoire de France

La cérémonie d'ouverture des Jeux paralympiques est intitulée "Paradoxe: de la discorde à la Concorde". Un paradoxe entre une société qui se veut inclusive mais reste emplie de préjugés envers les personnes en situation de handicap, nous explique-t-on.

13 séquences composeront cette cérémonie, donc cinq tableaux artistiques. Contrairement à la cérémonie d'ouverture sur la Seine, l'histoire de France ne sera pas au centre de la création artistique, même si les lieux choisis sont symboliques.

"Il y a beaucoup de paradoxes sur cette place de la Concorde", rappelle Thomas Jolly. C'est "une place royale sur laquelle Louis XVI et Marie-Antoinette ont été décapités... qui s'est appelée la place de la Révolution une fois que la Révolution a eu lieu et que la monarchie a été décapitée". Cette place "s'est appelée ensuite place de la Concorde dans l'idée d'une réconciliation".

Du fait de cette histoire tumultueuse, un "paradoxe architectural" se démarque. C'est une "place royale avec une architecture royale, avec au centre une pièce antique de l'Égypte".

• "Un marqueur politique"

Mais plus que l'histoire, ce sont les questionnements sur le handicap et l'inclusion qui seront mis en débat. Pour se confronter à ces sujets, Thomas Jolly et ses équipes ont rencontré des para-athlètes comme Michaël Jérémiasz, Perle Bouge, Marie Bochet et Cyril Moré.

"Ils nous ont raconté leur expérience d'athlètes paralympiques et leur expérience de personnes en situation de handicap dans la vie", raconte le metteur en scène. "On a tout de suite vu un paradoxe intéressant".

"Nous, on réalise de grands exploits, on bat des records... Mais dans la réalité, dès qu'il s'agit de prendre le métro, c'est compliqué. Quand on doit aller dans divers endroits, on est empêchés de circuler librement", ont raconté les athlètes à Thomas Jolly. "C'est très étonnant que pendant 15 jours il y ait cette lumière et cette très grande visibilité, alors qu'en réalité on est loin de pouvoir être fluides dans la vie quotidienne."

Le créateur des cérémonies des Jeux de Paris a souhaité "tirer le fil de ces paradoxes qui sont partout". "Donner la ville, la plus grande place de la ville, la plus grande avenue à des athlètes paralympiques, des personnes en situation de handicap, c'est déjà un marqueur politique", souligne-t-il.

C'est un "geste militant qui dit: oui, la ville n'est pas adaptée. Les villes ne sont pas pensées pour les personnes en situation de handicap et de nombreux chantiers sont à engager ou poursuivre pour permettre plus de mobilité, une pleine accessibilité, lutter contre l’isolement et jouir d’une égale liberté de déplacement. Mais pour cette cérémonie d’ouverture, la ville est la leur".

• Une cérémonie pour repenser le discours "héroïsant"

"Dans la mythologie, les Champs-Élysées sont le lieu de séjour des héros. Mais le discours sur les personnes en situation de handicap doit évoluer", plaide Thomas Joly. "Il faut sortir des clichés héroïsants. Parce qu'en réalité, ce n'est pas être un héros que de relever des défis quotidiens qui sont donnés par des barrières systémiques et sociétales."

Et le metteur en scène d'ajouter: "On est un héros peut être quand on est dans des épreuves consenties comme les Jeux paralympiques, où on s'entraîne, où on gagne. Mais descendre un escalier, est-ce vraiment héroïque? Donc, il faut sortir de ces clichés héroïsant et se dire: on va les mettre sur les Champs-Élysées pour montrer ce contraste. Que ce sont des personnes avec des vies, des amoureux, qui font des courses, qui ont des enfants..."

Le préfixe "para" vient du grec. Il signifie "près de", "à côté de" ou "presque". "Le mot à mettre en lumière, c'est la singularité de chacun et de chacune, de chaque handicap que l'on représente dans ce spectacle. Ils existent parce qu'ils sont visibles. L'occasion de changer le regard de la société normée sur la question du handicap. Le corps est au centre de ce narratif", développe l'artiste.

Alexander Ekman a été choisi pour "traduire tout ça" dans la performance artistique. Le Suédois "propose des très, très grands ensembles chorégraphiques de masse avec beaucoup de danseurs, mais aussi des solo très élégants, puissants et émouvants". "Il a une danse narrative théâtrale, ludique et très puissante, très exigeante corporellement parlant." Une description qui fait a priori d'Alexander Ekam le chorégraphe idoine pour diffuser le message souhaité par Thomas Jolly.

Article original publié sur RMC Sport