Jeux paralympiques 2024: "Une émotion énorme", le héros Villeroux raconte son tir au but décisif pour offrir l'or aux Bleus du cécifoot
Il est considéré, au choix, comme "le Messi" ou "le Zidane" du cécifoot. Immense depuis le début de la compétition, Frédéric Villeroux s’est encore une fois sublimé pour guider l’équipe de France vers un sacre historique aux Jeux paralympiques de Paris, samedi. D’abord auteur de l’ouverture du score en finale contre l’Argentine, c’est lui qui a inscrit le tir au but décisif, au bout du suspense, dans une ambiance incandescente au pied de la Tour Eiffel (1-1, 3-2 tab).
"C’est une émotion énorme. En plus, je ne suis pas un tireur de penalties, je préfère conduire le ballon et tirer en mouvement. Mais le coach (Toussaint Akpweh) m’a dit: ‘Tu es capitaine, tu vas tirer le troisième tir au but.’ J’ai eu un très grand doute, je me suis senti seul. Je me suis dit que j’avais deux choix, soit tirer du coup de pied à gauche, soit un pointu au petit bonheur la chance. Je suis parti sur une valeur plus sûre avec le coup de pied à gauche et ça a fonctionné", confiait le Bordelais de 41 ans quelques minutes après le triomphe de l’équipe de France.
Depuis l'entrée du cécifoot aux Jeux paralympiques, en 2004 à Athènes, tous les titres avaient été remportés par le Brésil. A domicile, la France est donc devenue la deuxième nation seulement à inscrire son nom au palmarès en six éditions.
"On en rêvait en cachette"
"Le coach rêvait de cette médaille. Il a su nous amener dans son rêve. On a commencé à y croire quand on a battu les Chinois, les vice-champions du monde (en phase de groupes)! C’était énorme. On est là grâce à notre victoire contre la Chine. On en rêvait en cachette, pour nous on était plus faibles que les autres, on est amateurs alors que les autres sont professionnels. Mais on savait qu’on pouvait faire quelque chose avec le public. Mais aller gagner la médaille d’or… On a réalisé un rêve, on bat l’Argentine qui est championne du monde. On ne peut pas aller plus haut, c’est génial!", savourait Villeroux, très touché par le soutien du public.
"On n’a jamais vécu ça en cécifoot. Habituellement, on peut jouer au maximum devant 80 personnes. Là on a joué devant 12.000 personnes! Il faut continuer à travailler pour amener du sang neuf, place aux jeunes!", souriait-il. Relancé sur son cas personnel, lui qui est unanimement présenté comme l’un des meilleurs joueurs du monde, Villeroux préférait comme toujours la jouer collectif. Avec classe et humilité.
"Si Alessandro (Bartolomucci, le gardien) n’est pas là, on n’est pas médaillés d’or", rappelait-il. "Chacun fait son boulot. Il faut remercier tout le monde. Ce n’est pas parce que tu marques plein de buts que tu es le meilleur joueur du monde. Il faut savoir faire des gestes techniques défensifs, courir partout, ça ne s’arrête pas à marquer des buts. C’est ce que je regrette un peu dans le foot classique, on ne célèbre que les buteurs. Le foot c’est un tout, c’est un travail d’équipe, on ne peut pas mettre qu’une seule personne en lumière." Le message est passé.