Jeux olympiques (football): les Bleuets de 2024 vus par les médaillés d'or de 1984

L'armoire à trophées de l'équipe de France olympique de football est peu garnie. Seule une médaille d'or, glanée par les hommes d'Henri Michel en 1984, y trône. 40 ans plus tard, les Bleuets ajouteront une nouvelle breloque au palmarès. Reste à savoir quelle en sera le métal.

L'équipe pilotée par Thierry Henry affrontera l'Espagne au Parc des Princes, vendredi 9 août (18 heures). La rencontre se déroulera sous les yeux des médaillés d'or de 1984, invités à garnir les travées du stade par la Fédération française de football.

Albert Rust, Jean-Claude Lemoult et Guy Lacombe, trois hommes forts de l'épopée de Los Angeles, seront de la partie. Avant le coup d'envoi, ils ont accepté de partager leur regard sur leurs potentiels successeurs au micro de Jano Rességuié.

Guillaume Restes, "un gardien impérial"

Le 11 août 1984, c'est autour du bras d'Albert Rust qu'est serré le brassard de l'équipe de France olympique. Déjà vainqueur de l'Euro avec Michel Platini cet été-là, il garde le but tricolore en finale contre le Brésil en finale (2-0). Vendredi, ce sera au tour de Guillaume Restes, devenu l'un des hommes forts de Thierry Henry après le forfait de Lucas Chevalier.

"Il accomplit un très beau tournoi et il confirme un petit peu les espoirs qui sont placés en lui tout au long de l'année avec son club", pose Albert Rust. Ce dernier décrit "un gardien qui est sobre, qui n'en rajoute pas, qui est efficace" et qui est "soutenu par une bonne défense".

Guy Lacombe, attaquant titré en 1984, voit même en lui "un gardien impérial", "Il est même chanceux parfois", fait-il remarquer, en référence aux poteaux qui l'ont plusieurs fois sauvé depuis le début de la quinzaine.

Michael Olise plébiscité

Jean-Claude Lemoult, milieu de terrain sous Henri Michel, a naturellement un œil attentif sur l'entrejeu. Joris Chotard, Manu Koné, Enzo Millot: "Je les trouve très bien".

"Tout le monde est bon. Les remplaçants sont bons quand ils rentrent", argumente-t-il, estimant que "l'équipe est bien équilibrée".

Comme ses anciens équipiers, il vante l'apport de Michael Olise. "Il est impressionnant", acquiesce Jean-Claude Lemoult. "J'étais un peu surpris que le Bayern l'ait acheté mais on a pu voir ses qualités", affirme Albert Rust.

"Je le trouve très tranquille, très serein", développe Guy Lacombe. L'ancien entraîneur de l'AS Monaco estime que sa proximité avec Jean-Philippe Mateta, son désormais ex-coéquipier, apporte de la fluidité aux offensives françaises. "Ces deux joueurs sont liés", "c'est primordial", ajoute-t-il.

Un groupe et un staff en osmose

Albert Rust, Jean-Claude Lemoult, Guy Lacombe: tous observent des similitudes entre leur génération et celle qui brigue l'or contre l'Espagne.

"Il n'y avait pas de grands noms mais il y avait une force de caractère, une bonne entente. Tout le monde se battait pour le même objectif", indique Albert Rust.

Thierry Henry, "c'est Henri Michel", tente Jean-Claude Lemoult. L'ancien milieu de terrain met en lumière "l'osmose entre un groupe qui vient de naître, qui a été créé pour ça, et un entraineur qui arrive et qui va aller au bout de sa mission".

Comme Jean-Claude Lemoult, Guy Lacombe se souvient qu'en 1984 le billet pour le finale avait été arraché via les prolongations "par deux buts d'écart".

"40 ans, ça suffit"

Les différences? Les Bleuets n'ont pas été hébergés au village olympique, contrairement à l'équipe de 1984. "Nous, c'est ce qui nous avait soudés", se souvient Jean-Claude Lemoult.

Autre élément d'importance, pour Albert Rust, la "grosse pression" qui entoure le groupe France aujourd'hui à l'aube d'une finale devant son public.

"On n'avait pas cette communion", appuie Jean-Claude Lemoult. En 1984, avec le décalage horaire, "le match était à 3 heures du matin". L'attention médiatique était plus limitée. "J'aurais aimé connaître ce qu'ils vont vivre", appuie-t-il.

Du point de vue de Guy Lacombe, jouer à domicile reste malgré tout "un avantage" dont doivent tirer profit Alexandre Lacazette et ses coéquipiers. "Ils assurent une médaille. Maintenant, il faut qu'ils se lâchent complètement", estime Albert Rust.

Malgré la qualité de l'équipe d'Espagne, les médaillés d'or de 1984 n'imaginent pas autre chose qu'un triomphe pour l'équipe de France. "40 ans, ça suffit. Il faut que les jeunes français prennent le relais", soutient Guy Lacombe.

Tous, en tout cas, sont ravis de pouvoir assister à la rencontre aux premières loges et espèrent "porter chance" aux Bleuets.

Article original publié sur RMC Sport