"J'ai l'impression d'être un peu dans un deuil": le capo des Irrésistibles français sonné par la retraite de Griezmann

C’est une vraie surprise cette retraite internationale?

Ça m'a flingué ma matinée, ça m'a tué ma matinée. J’ai travaillé et puis dans un groupe WhatsApp que nous avons avec les IF (Irrésistibles français, ndlr), on a reçu une notification d’un de mes amis. Je n’y croyais pas. Je suis rapidement allé voir ce qui se passait et puis j’ai vu sa vidéo. C’était le début d’une journée assez difficile. J’avais envie de lire beaucoup de choses, les réactions des amis, les articles qui pouvaient sortir et ce que l’on pouvait dire sur sa carrière.

Quelle image as-tu en tête avec cette retraite chez les Bleus?

La dernière: son tour au Parc des Princes. Antoine Griezmann est venu nous saluer au Parc après la défaite contre l’Italie. Sur ce moment, il est le seul à venir et à faire le tour. C’est vraiment la première chose qui m’est revenue. Je me suis dit que ça ne pouvait pas être le dernier moment avec lui. Après, il y a pleins d’autres images qui reviennent lorsqu’on pense à Griezmann chez les Bleus. Notamment lors de l’Euro 2016. Cet Euro en France a été le moment fort de Griezmann, avec un très, très grand Griezmann. C’est à ce moment-là qu’il apporte sa pâte, sa bonne humeur et son sens du collectif à cette équipe de France.

Un peu de Coupe du Monde 2018 aussi...

2018, évidemment! Griezmann est une idole des supporters français. Quand tu repenses à ce dernier tour de stade, c’est presque dommageable de le voir seul. Il n’aurait pas dû être seul. C’était notre Grizi. Pour l’anecdote, on a rencontré le staff et des joueurs de l'équipe de France juste avant l'Euro l'été dernier, au mois de juin. Il y avait Griezmann dans les joueurs que nous avons rencontrés. Lors de ces moments, on aime bien rappeler l'intérêt du cercle vertueux du respect entre les supporters et les joueurs et entre les joueurs et les supporters. Venir saluer les supporters en déplacement, mais partout, en cas de victoire, en cas de défaite, ça noue un lien humain et du respect mutuel. Grizou était là et on lui a dit qu’aujourd’hui, celui qui vient le plus naturellement vers nous, sans se forcer, c’est lui. On avait envie que Griezmann soit un passeur de témoin avec une nouvelle génération. Qui pourrait le tenir pour les années à venir? J’espère que ce témoin ne tombera pas par terre et j'espère qu'un joueur le reprendra.

Comment lui rendre hommage?

On a beaucoup pensé à ce moment depuis ce matin. Les premières idées sont là. On a déjà des choses en tête, mais, évidemment, le contexte actuel des matchs est particulier. On n’aura pas le stade de France au mois d’octobre et quand on va retrouver le Stade de France, ça sera pour France-Israël en novembre. Le climat autour de cette rencontre est très particulier. Et honnêtement, pour moi, ce n'est pas propice pour un hommage. On veut un Stade de France vraiment libéré pour lui rendre un hommage. Et pour aussi rendre un hommage à Giroud. Donc voilà, on va peut-être attendre 2025. C’est difficile.

C’est dommage de ne pas le voir une dernière fois sous le maillot bleu...

J’ai en tête plusieurs annonces pour les retraites internationales. Je me rappelle à l'époque de la sortie de Didier Deschamps et de Laurent blanc, de grands monuments avec des annonces un peu au préalable. On savait que ça allait arriver, mais derrière, ils ont été sélectionnés une dernière fois en équipe de France, donc ils ont pu être sur le terrain. Ils ont pu avoir leur hommage avant le match. Mais c’est vrai que malheureusement pour Lloris, Giroud et Griezmann, ça ne se passe pas de la même manière. C’est peut-être la manière de 2020 et que je suis de l’ancienne école. J'aurais aimé que ça ne se passe pas comme ça.

Où placer Griezmann dans l’histoire des Bleus?

C’est toujours difficile. Je le place dans les idoles de l'équipe de France de football. Je ne peux pas te donner un top, parce que le top se résume à des générations, à la connaissance des générations, mais il est dans les idoles comme Zidane ou Platini pour d’autres générations. Il restera gravé dans les mémoires pour ses performances sportives, mais aussi humaines. Il a réussi à créer le renouvellement des Bleus après l’épisode de 2010 avec une génération exceptionnelle.

Vous avez l’air vraiment touché par cette nouvelle...

Oui... j'ai l'impression d'être un peu dans un deuil, en fait, en train de commencer un processus de deuil avec cette annonce. Ça paraît être une sensation folle juste pour un sport et juste pour du football. Mais je pense qu'il a apporté tellement à l’équipe de France. Et il avait tellement ce côté humain qu'on a tous du mal à s'en remettre et qu'il va tous falloir qu’on développe un processus de deuil pour digérer cette nouvelle.

Article original publié sur RMC Sport