« Houris », le nouveau roman de Kamel Daoud déjà primé

L'écrivain Kamel Daoud à Paris, le 17 juillet.   - Credit:KHANH RENAUD POUR « LE POINT »
L'écrivain Kamel Daoud à Paris, le 17 juillet. - Credit:KHANH RENAUD POUR « LE POINT »

Nulle date, nulle cérémonie, nulle image ou presque de la guerre civile qui opposa, à partir de janvier 1992, le régime d'Alger aux islamistes pendant dix ans. Le bilan fut de 200 000 morts.

Houris, qui a reçu mercredi 28 août le prix du meilleur roman français de la revue culturelle Transfuge, se veut un monument scripturaire érigé pour la mémoire, qui déchire le voile de cette guerre honteuse étouffée par Alger au bénéfice de l'autre, celle contre la France, « la sœur aînée qui prend toute la place » mémorielle.

Érigé aussi pour toutes ces femmes qui n'ont eu ni tombeau ni histoire. Aube est l'une des victimes de ces massacres, égorgée à 5 ans à la fin des années 1990, dans le village de Had Chekala. Égorgée, mais survivante, muette car sans cordes vocales et portée par une parole doublement intérieure puisque adressée aussi à la petite fille dont elle est enceinte.

À LIRE AUSSI Le grand entretien avec Kamel Daoud : « On m'attaque car je ne suis ni communiste, ni décolonial encarté, ni antifrançais »C'est son monologue pour l'enfant qui ne va pas naître qu'on entend et qui constitue la trame autant que la tessiture de ces quatre cents pages. Une enfant qui ne peut naître dans un pays où l'on aime les femmes « muettes et nues pour le plaisir des hommes en rut ».

Implacable et poétique

« La voix », « Le labyrinthe », « Le couteau » : chacune des trois parties apporte sa pierre à cette contre-enquête magnifiquement incarnée sur les années de plomb. Voix ressusci [...] Lire la suite