Haut-Karabakh : ce que l’on sait des « opérations antiterroristes » de l’Azerbaïdjan dans cette région disputée

Alors que les tensions augmentent depuis des mois au Nagorny Karabakh, le lancement d’« opérations antiterroristes » laisse craindre un « nettoyage ethnique » en Arménie.

Un manifestant munit d’un drapeau de la région séparatiste du Haut-Karabakh lors d’un rassemblement dans le centre d’Erevan, en soutien au Karabakh, le 14 septembre 2023 (Photo d’illustration).
KAREN MINASYAN / AFP Un manifestant munit d’un drapeau de la région séparatiste du Haut-Karabakh lors d’un rassemblement dans le centre d’Erevan, en soutien au Karabakh, le 14 septembre 2023 (Photo d’illustration).

INTERNATIONAL - Des « opérations antiterroristes » qui inquiètent. L’Azerbaïdjan a annoncé ce mardi 19 septembre le lancement de frappes dans l’enclave du Nagorny Karabakh, cette région revendiquée depuis plusieurs décennies par l’Arménie.

Comme justification de ses opérations militaires, Bakou évoque la mort de six Azerbaïdjanais dans l’explosion de mines sur un chantier routier de ce territoire séparatiste d’Azerbaïdjan à majorité arménienne, qui a déjà été au cœur de deux guerres entre Erevan et Bakou. De son côté, l’Arménie a dénoncé l’« agression » de son voisin à des fins de « nettoyage ethnique ».

Voici ce que l’on sait de la situation.

· Saboteurs arméniens

Bakou a légitimé l’opération militaire lancée ce mardi par la mort de quatre policiers et deux civils dans l’explosion de mines sur le site d’un tunnel en construction entre Choucha et Fizouli, deux villes du Haut-Karabakh sous contrôle de l’Azerbaïdjan.

Les services de sécurité azerbaïdjanais ont directement accusé un groupe de « saboteurs » – des séparatistes arméniens – d’avoir posé ces mines et commis un acte de « terrorisme ». La diplomatie azerbaïdjanaise a assuré que ces explosions révélaient « le principal objectif de l’Arménie qui est de ne pas retirer ses forces armées du territoire de l’Azerbaïdjan », permettant ainsi de poursuivre des opérations militaires et de minage.

Elle a aussi accusé les séparatistes arméniens de vouloir « aggraver les tensions » dans la région et de chercher à empêcher sa reconstruction après le conflit de six semaines en 2020, ainsi que le retour de civils azerbaïdjanais déplacés.

· Plusieurs localités visées par des « armes de haute précision »

Dans le cadre des opérations en cours, « les positions des forces armées arméniennes (...) sont mises hors d’état de nuire à l’aide d’armes de haute précision sur la ligne de front et en profondeur », a annoncé ce mardi le ministère azerbaïdjanais de la Défense dans un communiqué.

La capitale du Nagorny Karabakh, Stepanakert, et d’autres villes de la région sont ciblées par des « tirs intensifs », ont déclaré les autorités séparatistes arméniennes ce mardi. Sur place, un journaliste de l’AFP confirme avoir entendu des détonations en début d’après-midi à Stepanakert.

« L’Azerbaïdjan a ouvert le feu sur diverses positions militaires au Karabakh », a indiqué sur Facebook le député arménien Tigran Abrahamian. « L’Azerbaïdjan a lancé une opération militaire de grande envergure contre la République d’Artsakh [le nom donné par les Arméniens au Haut-Karabakh] », a également indiqué sur Facebook la représentation des séparatistes en Arménie.

Le ministère azerbaïdjanais de la Défense a toutefois informé de la mise en place de « couloirs humanitaires » et de « points d’accueil » sur la route de Latchine, pour permettre l’évacuation des civils du Nagorny Karabakh.

Accusations de « nettoyage ethnique »

Après le déploiement de cette « agression à grande échelle », Erevan a dénoncé une attitude « cherchant ainsi à parachever sa politique de nettoyage ethnique » dans ce territoire séparatiste majoritairement peuplé d’Arméniens.

· Resistance des séparatistes

Au même moment, le ministère arménien de la Défense a assuré que son pays ne disposait d’aucune force armée déployée au Nagorny Karabakh, sous-entendant que seuls ses alliés séparatistes se trouvaient sur place pour faire face aux « opérations antiterroristes ».

Pour autant, les séparatistes du Karabakh disent « résister » aux forces azerbaïdjanaises, qui tentent d’avancer « en profondeur », selon les observations de l’Arménie. Le Premier ministre arménien Nikol Pachinian a par ailleurs convoqué en urgence son Conseil de sécurité pour faire face à cette crise.

  • L’Arménie s’en remet aux forces russes

Alors que Bakou affirmait avoir prévenu la Russie et la Turquie de ses opérations dans l’enclave, Moscou dit avoir été prévenue uniquement « quelques minutes » avant le début des « opérations antiterroristes ».

Une donnée importante à prendre en compte, car des soldats de la paix russes sont déployés dans le cadre d’un cessez-le-feu négocié par Moscou, allié traditionnel de l’Arménie, pour mettre fin au précédent conflit dans la région, en 2020.

Le ministère des Affaires étrangères arménien a donc demandé à ces forces alliées de « stopper l’agression » azerbaïdjanaise. « Les forces de la paix russes déployées au Nagorny Karabakh doivent prendre des mesures claires et sans équivoque pour mettre fin à l’agression de l’Azerbaïdjan », a-t-il indiqué dans un communiqué.

« Pour résoudre la situation (...) il faut respecter tout ce qui a été convenu, éviter les provocations de la situation, oeuvrer à son apaisement et à son règlement, faire preuve de responsabilité dans le respect des engagements », a déclaré face à la presse la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova.

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