"Un handicap pour les amateurs": comment les "petits" clubs des 16es de finale de Coupe de France se préparent à jouer en pleine semaine

Ce mardi soir, le stade Heurtematte accueillera le plus grand match de l’histoire du SU Dives-Cabourg. Le club calvadosien (N3) reçoit en 16es de finale de Coupe de France le Puy-en-Velay, qui évolue une division au-dessus. 2000 spectateurs attendus, pour un match en pleine semaine programmé à 20h45 dans le multiplex diffusé par beIN Sports.

"Pour nous, jouer un mardi en tant que réels amateurs, c'est quand même très, très délicat, notamment parce qu'on avait un match de championnat samedi à Chatou, trois jours avant, ce qui laissait juste dimanche et lundi pour récupérer. Il n’y a pas vraiment de réel entrainement avant notre match de Coupe", souligne Philippe Clément, l’entraîneur divais-cabourgeois. "Surtout qu’au Puy, ils ne font que du football, ce qui n'est pas le cas chez nous. Il y a un handicap pour les amateurs, mais on n'a pas l'habitude de se chercher des excuses, donc on est obligés de faire face."

Faire face, et faire en sorte que chaque joueur adapte son agenda à cet événement exceptionnel, trois semaines après la qualification décrochée face aux Réunionnais de Saint-Denis. "J'ai par exemple un joueur qui est professeur d’EPS en région parisienne, il a donc été obligé de prendre sa journée de lundi et mardi", détaille le coach normand.

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"D’autres joueurs voulaient même finir leur travail à 16h ou 17h pour pas perdre leur journée… J'ai fini par leur expliquer que c'était sûrement l'une des plus belles semaines de leur carrière, notamment cette journée de mardi, donc que cela valait le coup de poser une journée."

Pour le FC Bourgoin-Jallieu (N3), le 16e de finale face à l’Olympique Lyonnais aura lieu à 18h ce mercredi. Un horaire qui ne gâchera pas la fête entre voisins au stade Pierre-Rajon. "Cette programmation n’est pas forcément un désavantage pour notre organisation", estime Dylan Rahis, le directeur général du FCBJ. "Tous les bénévoles, tous les salariés sont mobilisés pour cet événement. Les entraînements des autres équipes se passeront le matin, ou un entraînement a été ajouté un autre jour dans la semaine, pour que tout le monde se mobilise à partir de mercredi midi. Cela n’arrive pas tous les quinze jours, ce genre d'événements." Le stade berjallien sera d’ailleurs à guichets fermés avec plus de 6000 spectateurs.

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Thaon a préféré jouer à Epinal

Autre club de N3, l’ES Thaon recevra aussi un club de l’élite, Strasbourg, ce mercredi à 18h30 à Epinal. Si les joueurs vosgiens ont l’habitude de s’entraîner à 19h en semaine, la préparation d’avant-match nécessite des aménagements. "Jouer trois matchs en une semaine, cela arrive très rarement chez nous", détaille Romain Chouleur, l’entraîneur de Thaon. "On a joué samedi, même si je n'ai pas pour habitude de faire l'entraînement en veille de match, là on va être obligés de faire une petite séance malgré tout ce mardi soir. Beaucoup de nos joueurs travaillent et finissent vers 17h30-18h habituellement. Pour jouer à 18h30, on demande aux joueurs d'être disponibles à partir de 14h pour la collation, donc ça change un peu leur fonctionnement, leurs habitudes."

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Dans ce club qui atteint les 16es de finale pour la troisième fois de son histoire, les entraînements des autres équipes prévus le mercredi après-midi ont été décalés pour que tous les membres du club puissent être présents au stade en fin de journée, dans la ville voisine d’Epinal.  "On espère atteindre les 5000 personnes et ce serait déjà une belle fête", estime le technicien vosgien. "On aurait pu aussi aller à Nancy pour avoir plus de place, mais on a choisi le côté local pour tous les gens qui se déplacent, parce qu’on joue à 18h30. Si en plus il faut faire une heure de route, on aurait peut-être perdu pas mal de monde. On préfère avoir un stade bien rempli à Epinal plutôt qu’un stade à moitié vide à Nancy."

En même temps que ce Thaon-Strasbourg, Saint-Brieuc jouera de son côté avec un stade plein contre Annecy. Le match des Bretons en championnat de N2, prévu vendredi dernier, a été reporté en raison des conditions météo et de l’état de la pelouse du stade Fred-Aubert. Moins de souci de récupération, donc. Reste que pour Guillaume Allanou, qui est à la fois président et entraîneur du Stade Briochin, "le foot, c'est mieux le week-end!" "C’est difficilement quantifiable, mais on va forcément rater des spectateurs qui seront pris par des obligations professionnelles ou qui ne finiront pas assez tôt pour venir au stade", ajoute-t-il. "C'est un impact non négligeable sur l'ambiance, et sur les finances du club indirectement."

"C’est l’élitisme"

Ces clubs ont tout de même trouvé le personnel et les bénévoles nécessaires pour organiser ces matchs en semaine, grâce à la force de l’événement. Mais cette programmation est une répercussion de la nouvelle formule de la Ligue des champions instaurée cette saison avec deux matchs supplémentaires en janvier, réduisant les possibilités de jouer une journée de Ligue 1 et Ligue 2 en semaine, afin de libérer un week-end supplémentaire pour la Coupe de France.

"C’est l’élitisme à vrai dire, c'est toujours une question", constate Philippe Clément, l’entraîneur de Dives-Cabourg (N3). "C'est évident que la Ligue des champions a plus de valeur aux yeux de ceux qui veulent faire des sous que la Coupe de France et un match Dives-Cabourg contre Le Puy."  Son homologue de Saint-Brieuc abonde: "On a beau dire que c’est la compétition de tous les clubs, à un moment ou un autre, il faut qu’on retrouve des clubs d'élite quand on se rapproche de la finale", juge Guillaume Allanou, le président-entraîneur breton. "Cette bascule en semaine à partir des 16es de finale me laisse à penser qu’on fait tout pour favoriser les plus gros, mais ça ne nous empêchera pas de jouer notre match. Je n'ai pas le poids pour changer quoi que ce soit au calendrier de la Coupe de France et si on nous avait dit quand on a démarré au 4e tour qu'on aurait à jouer un match en semaine, on aurait signé tous les jours."

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Tous ces entraîneurs estiment finalement que ce 16e de finale en milieu de semaine contre une équipe de Ligue 1 ou Ligue 2, sera leur match de Ligue des champions à eux.

Article original publié sur RMC Sport