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Guerre Israël-Hamas : le Hezbollah et l’Iran font craindre l’élargissement du conflit à tout le Proche-Orient

Le maire du village de Dhaira, au sud du Liban, dont la maison a été touchée par des bombardements israéliens le 10 octobre 2023.
picture alliance / dpa/picture alliance via Getty I Le maire du village de Dhaira, au sud du Liban, dont la maison a été touchée par des bombardements israéliens le 10 octobre 2023.

MOYEN-ORIENT - À tout prix « éviter d’élargir le conflit ». C’est l’un des objectifs affichés par Emmanuel Macron avant même son arrivée en Israël ce mardi 24 octobre, un peu plus de deux semaines après les attaques du Hamas contre l’État hébreu. Comme toute la communauté internationale, il craint la régionalisation de cette guerre qui a déjà fait des milliers de morts.

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C’est surtout le Hezbollah libanais, soutien du Hamas, qui fait craindre l’embrasement général. Depuis le 7 octobre et l’attaque surprise des terroristes palestiniens, le groupe échange des tirs avec l’armée israélienne causant la mort de plusieurs civils dans le sud du Liban, dont un journaliste de l’agence de presse Reuters. Si la guerre n’a pas encore été déclarée, la tension est palpable.

« Pour l’instant il y a des roquettes du Hezbollah, des ripostes d’Israël, mais relativement mesurées même s’il y a eu des morts. Le Hezbollah ne veut pas entrer, pour l’instant, dans une confrontation directe », a analysé ce mardi sur franceinfo Agnès Levallois, spécialiste du Proche-Orient et maîtresse de recherche à la Fondation pour la Recherche Stratégique (FRS).

Le problème, c’est que personne ne sait ce qui pourrait engendrer un conflit ouvert. « C’est la question que tout le monde se pose, et les acteurs ne le savent pas eux-mêmes. Ils ne se parlent pas et n’arrivent pas à identifier leurs lignes rouges respectives. N’importe quel événement, l’enlèvement d’un soldat israélien par le Hezbollah ou une frappe israélienne dans un village du sud-Liban, pourrait avoir le rôle de déclencheur », souligne Héloïse Fayet, chercheuse au centre des études de sécurité de l’IFRI, auprès du HuffPost.

L’axe de la résistance

Agnès Levallois pointe un élément qui pourrait changer la donne : l’intervention de l’armée israélienne dans la bande de Gaza pour « détruire » le Hamas, comme l’a répété le Premier ministre Benjamin Netanyahu. Le monde retient son souffle depuis que l’attaque a été annoncée comme imminente à la mi-octobre. « Si cette offensive est vraiment importante avec un nombre de morts considérables des deux côtés, je crois qu’on peut aller vraiment vers le pire », s’inquiète-t-elle.

D’après elle, « il sera difficile pour le Hezbollah, qui n’a pas cessé de dire qu’il interviendrait et qu’il ne laisserait pas tomber les Palestiniens et le Hamas », de ne rien faire. De même pour l’Iran, allié du Hezbollah et du Hamas, dont l’ombre plane sur ce conflit. « La région est comme une poudrière », a d’ailleurs prévenu le ministre iranien des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian. Et de menacer « les États-Unis et le régime israélien fantoche que s’ils ne mettent pas immédiatement un terme aux crimes contre l’humanité et au génocide à Gaza, tout est possible à tout moment et la région deviendrait incontrôlable ».

L’intervention du Hezbollah et de l’Iran promettent l’escalade. Car autour de Téhéran s’est construite une alliance militaire et politique dont font partie des groupes comme le Hamas et le Hezbollah. Dans cet « axe de la résistance » se trouvent également le Djihad islamique en Palestine, Hachd Chaabi en Irak, ou encore les Houthis au Yémen, qui ont tous affiché leur soutien à la cause palestinienne et pourraient bien prendre les armes.

Le Hezbollah « a plus à perdre qu’à gagner »

Toutefois, Héloïse Fayet ne croit pas à un conflit ouvert. Même si le Hezbollah est « bien plus redoutable que le Hamas en termes d’entraînement des troupes ou de nombre de roquettes, il a plus à perdre qu’à gagner. Washington et Jérusalem ont été clairs : s’il entre dans le conflit, il s’expose à l’intervention des États-Unis et à des actions considérables qui pourraient causer sa perte », affirme la spécialiste du Proche-Orient. Le Liban plongerait aussi un peu plus dans la crise. Quant à l’Iran, « il s’exposerait aussi à des représailles s’il s’implique trop ».

Du côté d’Israël, ouvrir un nouveau front en parallèle de celui de Gaza « mettrait en danger le territoire qui serait à portée du Hezbollah », ajoute Héloïse Fayet. Les pays de la région, de la Jordanie à I’Égypte, sont pour leur part en bien mauvaise posture puisqu’ils doivent à la fois prôner la désescalade tout en soutenant les Palestiniens. « Et un État comme la Jordanie, qui vit sous perfusion des États-Unis, n’a aucun intérêt à s’engager dans la guerre », précise-t-elle.

C’est donc dans un contexte tendu, et avant une potentielle escale au Liban, qu’Emmanuel Macron a ce mardi interpellé directement le Hezbollah, l’Iran et les Houthis pour les enjoindre à « ne pas prendre le risque inconsidéré d’ouvrir de nouveaux fronts ». Reste à savoir s’il sera entendu dans cette région où la voix de la France s’efface au profit de celle des États-Unis.

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