Gestion à la LFP: "Où est la stratégie?", le sénateur Savin tacle Labrune sur le deal CVC et les droits TV
"Il y a urgence à ce que le football professionnel français arrête de vivre au-dessus de ses moyens et retrouve une gouvernance professionnelle." C’est un rappel à l’ordre ferme que Michel Savin a adressé ce jeudi à la Ligue de football professionnel. Le sénateur de l’Isère, rapporteur d'enquête sur la financiarisation du football, a eu une journée chargée. Accompagné de Laurent Lafon, président de la mission d’information, il s’est rendu dans la matinée au siège de la Ligue à Paris afin d’effectuer un contrôle sur pièces et sur place de la commission d’enquête sur le fonctionnement du football professionnel.
Savin: "Qu’on fait les clubs de l’apport de 1,5 milliard d’euros de CVC?"
Puis les deux parlementaires ont fait un point avant la remise du rapport, prévue d’ici la fin du mois d’octobre. L’occasion d’épingler la gestion de Vincent Labrune, réélu mardi président de la LFP. S'ils s'interrogent sur le train de vie de la Ligue et le revenu de son patron, ils pointent aussi le deal signé avec le fonds d'investissement CVC Capital Partners. Un accord qui a apporté 1,5 milliard d'euros au football professionnel français contre environ 13% de ses recettes commerciales: "Qu’on fait les clubs de l’apport de 1,5 milliard d’euros de CVC qui ne semble pas avoir eu un impact sur le montant des droits TV? Où est la stratégie, l’amélioration promise et la qualité du produit? DAZN réalise sans doute un bon travail mais plutôt à l’économie: pas de magazine, ni de multiplex pour un coût qui est rédhibitoire pour de nombreux consommateurs. Au final, le prix est plus élevé et la qualité est bien moindre qu'avec Amazon. Ce n'est pas le résultat qui était attendu de l'opération avec CVC."
La petite phrase de Labrune sur le championnat slovène
La question des droits TV en forte baisse pour la période 2024-2029 (500 millions d'euros) préoccupe aussi le sénateur. "Dans le projet financier de la Ligue, c’était 1,2 milliard d’euros attendus", rappelle Michel Savin. Et Laurent Lafon d’ajouter: "Un autre argument qui a été mis en avant, c’est la revalorisation du championnat de France. Vous vous souvenez peut-être de cette phrase que nous, nous n’avons pas oubliée: 'Le risque que le championnat de France se rapproche du championnat slovène…' ('Si on n'est pas capable de rentrer de l'argent frais, on deviendra le championnat de Slovénie' avait déclaré Vincent Labrune le 8 décembre 2021). Je dois avouer que je n’ai pas regardé à combien avait été commercialisé les droits audiovisuels du championnat slovène mais j’ai quand même le sentiment que les chiffres obtenus ces dernières semaines se rapprochent plus du championnat slovène que de la Premier League anglaise", conclut le sénateur.