De Gérald Darmanin à Aurore Bergé : qui sont les ministres à suivre pour cette rentrée ?

Qui sont les ministres à suivre cette rentrée ?  (photo d’illustration prise le 24 juillet 2023)
Qui sont les ministres à suivre cette rentrée ? (photo d’illustration prise le 24 juillet 2023)

POLITIQUE - Du sable des plages à la moquette de l’Élysée. Le gouvernement se retrouve autour d’Emmanuel Macron et Élisabeth Borne ce mercredi 23 août pour le conseil des ministres de rentrée. L’occasion pour l’exécutif de mettre en avant ses priorités pour les semaines à venir et d’amorcer un automne qui s’annonce déjà périlleux sur le front du budget ou de la loi immigration.

Dans ce contexte incertain, marqué également par le flou autour de « l’initiative politique d’ampleur » promise par Emmanuel Macron au cœur de l’été, une poignée de ministres devraient être amenés à prendre davantage de lumière que les autres.

Certains pour défendre leur action sur les sujets sensibles du moment, les effets de la canicule, le manque de moyens dans les services hospitaliers ou la rentrée des classes. D’autres parce qu’ils ont déjà montré leur faculté à se faire une place dans le débat public, un mois après le remaniement a minima. Le HuffPost vous dresse, ci-dessous, le profil de cinq ministres ou secrétaire d’État qui devraient faire parler d’eux.

Darmanin, le ministre qui affine ses ambitions

Le locataire de la place Beauvau, moins présent dans les médias et sur le terrain que les étés précédents, n’a pas disparu des radars pour autant. Bien au contraire. Après avoir lorgné Matignon, sans succès, Gérald Darmanin a profité de ces semaines estivales pour mettre en scène ses ambitions acérées.

C’est lui qui a jeté un pavé dans la mare en plein cœur du mois d’août en se projetant sur l’élection présidentielle de 2027 dans des confidences au Figaro, ce que les prétendants à la succession d’Emmanuel Macron se gardaient bien de faire jusqu’à présent. Au sein de Renaissance en tout cas. Dans cet article, le « premier flic » esquisse une ligne politique au-delà de son périmètre ministériel, plus sociale et moins « techno », pour l’emporter dans 4 ans.

Gérald Darmanin, qui peut également compter sur le soutien appuyé de Nicolas Sarkozy (dans son dernier ouvrage), va poursuivre sur sa lancée dimanche 27 août, depuis son fief de Tourcoing. Il a convié ses soutiens, et certains ministres, pas tous, pour sa première rentrée politique du genre. De quoi mesurer ses muscles avant un automne périlleux, entre les textes sur l’immigration et la dissolution des Soulèvements de la Terre. Sur ce dossier, le ministre de l’Intérieur pourrait bien être contrarié par le Conseil d’État qui lui a infligé une défaite retentissante cet été.

Bergé, la nouvelle ministre sur tous les fronts

Contrairement à son collègue ministre de l’Intérieur, Aurore Bergé a occupé l’espace médiatique pour son premier été au gouvernement. Nommé ministre des Solidarités et des Familles lors des « ajustements », l’ancienne cheffe des députés Renaissance fait partie de la poignée de petits nouveaux à avoir repoussé ses congés pour continuer à répondre aux sollicitations médiatiques tout début août. Quitte à susciter de premières crispations en proposant de réformer le congé parental pour l’imaginer plus court, mais mieux rémunéré.

C’est elle, comme ministre de tutelle de Fadila Khattabi, la ministre déléguée aux Personnes handicapées, qui a ensuite assuré une partie de la communication du gouvernement au moment de l’incendie d’un gîte qui accueillait des personnes en situation de handicap mental en Alsace. Elle s’est notamment rendue sur place avec Élisabeth Borne le 9 août, quelques heures après la tragédie qui a fait 11 morts.

Dix jours plus tard, Aurore Bergé investit maintenant les médias pour parler prévention et solidarité alors qu’une canicule exceptionnellement tardive écrase le pays. Une présence médiatique qui répond à la fiche de poste dressée à plusieurs reprises par Élisabeth Borne, soucieuse de pouvoir compter sur des ministres qui incarnent leurs fonctions et impriment la marque de l’exécutif. Cette stratégie ne devrait donc pas changer du côté de la nouvelle venue au gouvernement dans les semaines à venir.

Attal, première rentrée à l’Éducation nationale

La situation est différente pour Gabriel Attal, le macroniste qui a eu la plus grosse promotion lors du remaniement. Présent au gouvernement depuis 2018, l’ancien porte-parole et ministre du Budget vit sa première rentrée à l’Éducation nationale. Une période forcément périlleuse rue de Grenelle quelques semaines après la destruction de certains établissements dans les émeutes, et qui plus est à l’heure où le système souffre toujours du manque de professeurs. Autant de questions sur lesquels le ministre de 34 ans est attendu.

Dans ce contexte, celui qui a remplacé un Pap Ndiaye jugé trop discret sur ses thématiques n’a pas perdu de temps pour essayer d’imprimer sa patte. Après avoir fait plusieurs visites à travers le territoire et pris quelques jours de congé, le ministre a effectué un déplacement de trois jours (et une bévue) à La Réunion pour la rentrée des classes. Gabriel Attal a dû présenter ses excuses après avoir assimilé les Mahorais (des habitants de Mayotte) à des migrants à La Réunion.

Un genre de polémique - assortie de larges critiques - dont le ministre se serait bien passé avant de reprendre sa tournée dans l’Hexagone. Il était à Dijon, mardi 22 août, pour faire un point d’étape sur la reconstruction d’une école incendiée lors des émeutes début juillet, avant de se rendre au chevet des professeurs et des élèves lors d’une traditionnelle visite de rentrée dans les salles de classe. Moment scruté.

Agresti-Roubache, la secrétaire d’État déjà recadrée

Il n’aura fallu que deux semaines à Sabrina Agresti-Roubache pour diviser les siens. Nommée secrétaire d’État à la Ville lors du remaniement, la députée de Marseille, ancienne productrice audiovisuelle, a été la première - et la seule jusqu’à présent - membre du gouvernement à accorder une interview au Journal du Dimanche version Geoffroy Lejeune. C’était le 6 août, dans la première mouture de l’hebdomadaire sortie après une grève de 40 jours de la rédaction.

Un choix qui a suscité les critiques d’une partie de l’équipe gouvernementale, et le courroux de Matignon. Le cabinet d’Élisabeth Borne, mis au courant au moment de la relecture de l’entretien seulement, a recadré les communicants de Sabrina Agresti-Roubache avant de faire savoir à la presse que la cheffe du gouvernement convoquerait la secrétaire d’État à la rentrée. Chargée de porter, entre autres, le plan « Marseille en grand » du président de la République, cette proche de Brigitte Macron - connue pour son franc-parler - sera à n’en pas douter l’une des personnalités politiques à suivre ces prochaines semaines.

Rousseau, le ministre de la Santé attendu au tournant

Même constat pour Aurélien Rousseau, pour des aspects différents. Le nouveau ministre de la Santé, ancien directeur de cabinet d’Élisabeth Borne, a débarqué avenue de Ségur au chevet d’un secteur miné par les difficultés, notamment de moyens et de vocations.

Comme Gabriel Attal, il remplace un ministre (François Braun) qui n’a guère convaincu ni l’exécutif ni même ses troupes sur l’un des fronts pourtant affichés comme prioritaires par Emmanuel Macron. Outre les nombreux travaux de long terme, à mener et à incarner (comme la revalorisation des soignants), l’ancien chef de l’agence régionale de santé (ARS) d’Île-de-France va devenir de fait l’un des visages de la communication de crise du gouvernement. Ses interventions médiatiques récentes pour parler canicule et prévention en sont le reflet. Tout comme sur le nouveau variant Eris qui pourrait faire repartir le Covid en France.

On pourrait ajouter à cette liste Thomas Cazenave, le ministre du budget qui a pris la suite de Gabriel Attal. Si ce proche d’Emmanuel Macron est resté discret depuis sa nomination fin juillet, son rôle sera grandissant au fil des semaines. C’est lui qui est chargé de tenir les cordons de la bourse avec Bruno Le Maire, et donc de demander des économies à ses collègues, et aux Français.

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