Comment la France est devenue propriétaire d’une partie de Rome
Spécialiste de l'histoire religieuse du Moyen Âge occidental et, singulièrement, de l'Église catholique du XIIe au XVe siècle, André Vauchez a vécu dix-huit ans dans la capitale italienne. D'abord en charge des études médiévales à l'École française de Rome de 1972 à 1979, avant d'en devenir directeur jusqu'en 2003, l'universitaire est donc un fin connaisseur du patrimoine romain.
Pour Le Point, cet historien, par ailleurs membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, revient sur un aspect insolite de l'histoire de la Cité éternelle : le fait que la France détient une grande partie de l'une des collines de Rome.
Le Point : La France est propriétaire d'une superficie importante du Pincio, comme on appelle ce petit relief qui offre un magnifique panorama sur la capitale italienne. Pourquoi ?
André Vauchez : C'est une très longue histoire. Et, pour la comprendre, il faut d'abord faire un peu de géographie. Ce mont Pincio ou mons Pincius, en latin, est situé au nord du Quirinal. Ce relief ne fait pas partie des sept collines de la Rome antique. De fait, le Pincio était, au départ, hors de la cité antique. Cette colline ne fut rattachée à la ville qu'après la construction du mur d'Aurélien, au IIIe siècle après J.-C. Même après cette date, elle restera un quartier périphérique de Rome.
Ce lieu a pourtant été urbanisé très tôt…
À l'Antiquité, c'est déjà un quartier résidentiel, habité seulement par quelques familles aristocratiques. Mais peu de fouilles ont [...] Lire la suite