"Le football français est en danger": la colère se poursuit dans les tribunes de Ligue 1 et Ligue 2
"L'action menée ce samedi s'est déroulée dans le cadre d'une action commune, nationale, afin de créer une prise de conscience collective des difficultés rencontrées depuis plusieurs mois", font savoir les groupes de supporters du RC Lens dans un communiqué commun. Ce début de saison de Ligue 1 et de Ligue 2 est marqué par un fort mécontentement des différents groupes de supporters à travers tout le pays. Le problème concernant la programmation des rencontres de Ligue 2 a cristallisé assez fortement les tensions, même chez certains supporters de Ligue 1.
Les actions du week-end, avec les banderoles et les jets des balles de tennis, ont été menées en coordination avec l'Association Nationale des Supporters. De manière pacifique, cette action a permis de mettre en lumière les revendications des différents groupes de supporters. Et même si le sujet de la programmation de la Ligue 2 reste un sujet important. Ce week-end, les supporters voulaient aussi faire passer un message vis-à-vis de la LFP, et notamment de son président Vincent Labrune.
"Il faut retrouver le football populaire"
"Nous assistons depuis plusieurs années à une gestion calamiteuse de la LFP: la gestion des droits TV par Vincent Labrune a démontré ses lacunes dans ce dossier", explique le communiqué commun des fans lensois. Et de poursuivre: "Un manque de respect du diffuseur historique, la favorisation d'autres diffuseurs qui tardent à s’engager, la chute du montant de la vente de ces droits du fait du peu de temps qu'il restait avant le début du championnat font qu'aujourd'hui le football français est en danger! Un sujet cependant où il faut reconnaître la réussite de M. LABRUNE, c'est sur la gestion de son salaire. Aucun dirigeant en France (et au-delà) ne sera parvenu à faire en sorte que le salaire des dirigeants augmente autant avec de résultats aussi médiocres."
Ces actions très visibles pourraient se reproduire lors des prochaines journées de championnat. La commission de discipline de la LFP est aussi visée par les supporters ainsi que les sanctions collectives. Les supporters regrettent que les clubs ne montent que "très rarement" au créneau. "Il faut retrouver un football populaire, avec des dirigeants qui ont les pieds sur terre", commente un capo d'un groupe de supporters de Ligue 1. Qui poursuit avec le sourire: "Avec cette action, les groupes ont dérangé les autres spectateurs une dizaine de minutes, aucune violence, tout est pacifique mais au moins tout le monde a pu lire les belles banderoles".
Les clubs sont aussi dans le viseur. "Il serait temps que les clubs bougent enfin, avec le pouvoir qu'ils ont (...) pour porter ces débats, ou au moins appuyer les associations de supporters", complète le communiqué des supporters du RC Lens.
Deux ministres cristallisent les tensions
Outre les sujets liés à la LFP et à l’état du football français, la communication des deux nouveaux ministres, de l’Intérieur et des Sports, ne passe pas. Le locataire de la place Beauvau est surnommé "la police du tifo" par des groupes de supporters. Les différentes sorties médiatiques de Bruno Retailleau ne trouvent aucun soutien dans les tribunes de Ligue 1 et de Ligue 2 où les supporters de Lens ont l'impression que soutenir un club de foot est devenu "une activité illégale". "Son fameux plan d’action, c’est du bon réchauffé", confie un SLO (Supporter Liaison Officer – Référent supporter, NDLR) d’un club de première division. "C’est un ministre de l’Intérieur, il doit montrer les muscles, celui qui me déçoit le plus c’est le ministre des Sports qui doit normalement comprendre les préoccupations des tribunes et venir discuter avec nous", ajoute le capo du club de Ligue 1.
Plusieurs interlocuteurs sont en effet surpris par la différence de traitement et de dialogue avec l’ancienne ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra. En réponse à la crise en Ligue 2, le nouveau ministre des Sports va faire appel à "un tiers de confiance, une personnalité reconnue de tous" afin de "pouvoir continuer le dialogue avec les parties prenantes afin d'identifier les marges d'amélioration de la situation actuelle à la fois pour les supporters, les clubs, la ligue et le diffuseur". Ce sujet ne trouve toujours pas de solution qui puisse satisfaire l'ensemble des parties prenantes.
Certains interlocuteurs font aussi comprendre qu'il manque une personne qui puisse mener le dialogue avec les supporters, et pas simplement des conseillers ministériels. Une nouvelle plénière de l'Instance Nationale du Supportérisme est annoncée "dans les prochaines semaines". Un premier pas pour normalement avancer. De quoi atténuer la colère dans les tribunes des deux championnats professionnels? Pas si sûr.