Euro 2024 (qualifs): Israël a rejoué sous très haute sécurité pour la première fois depuis le 7 octobre
"Notre pays est plus important que le football." Le sélectionneur israélien Alon Hazan a réaffirmé, si besoin était, que les joueurs de son équipe ne pourraient se détacher complètement du massacre qui a ensanglanté leur pays le 7 octobre, après une attaque sans précédent perpétrée par le Hamas.
"Mais nous devons jouer au football et nous voulons très bien représenter notre pays", a-t-il ajouté.
Israël a bien rejoué au football (sur une pelouse en très mauvais état et sous la pluie) ce week-end, s’inclinant toutefois sur le score de 1-0 face au Kosovo, dimanche soir, dans le cadre des éliminatoires à l’Euro 2024. Il s’agissait du premier déplacement de la sélection depuis l'attaque terroriste du 7 octobre. Le match, prévu initialement le 15 octobre, a été reporté durant les premiers jours de la riposte d’Israël, qui a lancé une opération d’envergure sur la bande de Gaza, jurant d’anéantir le Hamas.
La réception de la sélection israélienne a été un temps envisagée à huis clos par la fédération kosovare, mais la décision a été prise de recevoir du public à l’issue d’une réunion avec l’UEFA. Le match s’est donc tenu à Pristina, capitale du Kosovo, dans un climat hostile. Ces dernières semaines, plusieurs manifestations se sont tenues au Kosovo en soutien aux populations civiles de Gaza qui meurent sous les bombes israéliennes. Israël a reconnu le Kosovo comme un État souverain en 2020 et les deux pays, partenaires des États-Unis, ont établi des relations diplomatiques officielles depuis le mois de février 2021.
Mais, bien qu’il ait réaffirmé une tradition laïque ces dernières années, le Kosovo est à plus de 90% musulman, et sa population en grande majorité au soutien de la cause palestinienne. De nombreux messages offensants à l’égard d’Israël, en lien avec la rencontre, ont ainsi été partagés sur les réseaux sociaux pour dénoncer les bombardements de l’état hébreu, faisant craindre le pire. Un immense drapeau palestinien a même été déployé à Pristina avant le coup d’envoi de la rencontre, pour bien rappeler que la sélection israélienne n'était pas forcément la bienvenue.
Un match sous haute sécurité
En marge de la rencontre, les autorités kosovares avaient prévenu que des opérations spéciales seraient menées par les unités de police autour du stade avant et pendant la rencontre, visant à prévenir d’éventuels troubles à l’ordre public et manifestations qui auraient pu dégénérer. Les 14.000 billets mis en vente étaient tous "personnalisés", et chaque spectateur avait l’obligation de présenter une pièce d'identité avant de pouvoir pénétrer dans l'enceinte du stade. L'impressionnant dispositif a permis d'éviter le pire, et la rencontre s'est déroulée sans le moindre incident majeur.
"Nous nous sentons en sécurité, et nous apprécions tout ce que le gouvernement et les gens au Kosovo nous donnent, l'hospitalité qui est là", appréciait le sélectionneur israélien samedi soir, à la veille du match, appelant le peuple du Kosovo et le peuple israélien à "se concentrer sur le football".
Las, la guerre a éclipsé le début de match dans les tribunes clairsemées du stade Fadil-Vokrri, lorsque Hatikva, l’hymne israélien, a été copieusement sifflé. Au moment de l’hymne, les joueurs israéliens ont dessiné un demi-cœur avec leurs mains en hommage aux otages détenus par le Hamas dans la bande de Gaza.
Israël, qui vise à participer à son premier Euro depuis qu'il est devenu membre à part entière de l'UEFA en 1994, jouera ses deux prochains matchs de qualification - également reportés - contre la Suisse, deuxième de son groupe, le 15 novembre, et contre la Roumanie trois jours plus tard.
L’UEFA ayant interdit "jusqu’à nouvel ordre" la tenue de rencontres en terre israélienne, les deux matches auront lieu en Roumanie. Israël accuse un retard de quatre points sur la Nati, et devra absolument l’emporter pour continuer d’espérer. "Les chances (d'atteindre la phase finale) existent toujours. Nous attendons avec impatience le match contre la Suisse, qui sera très difficile. Et nous verrons ce qu'il en est de l'état des joueurs", a déclaré le sélectionneur israélien Alon Hazan.