Emmanuel Mouret, réalisateur de « Trois Amies » : « Au cinéma, ce qui émeut le plus, c’est la voix »

L'Art d'aimer : c'est le titre – emprunté à Ovide – d'un film d'Emmanuel Mouret qui date de 2011. Ce pourrait aussi bien être le titre de toute son œuvre tant ce cinéaste, apparu sur le devant de la scène au tournant des années 2000, s'intéresse d'abord et avant tout à la ronde des sentiments. Dans son nouvel opus, Trois Amies, c'est plutôt de l'art de désaimer qu'il s'agit puisque tout commence par cette douloureuse certitude qui gagne Joan (India Hair) : elle n'aime plus Victor (Vincent Macaigne), son compagnon, le père de sa fille. Faut-il le quitter, et ainsi être honnête avec elle-même… mais cruelle envers autrui ? Faut-il plutôt mentir par compassion et rester, au risque de se trahir ? Joan prend le conseil de ses amies Alice (Camille Cottin) et Rebecca (Sara Forestier).

À partir de cette trame, le film pourrait déployer un aimable marivaudage teinté de théâtre de boulevard puisqu'Alice vit avec Éric (Grégoire Ludig), qui est secrètement l'amant de Rebecca… C'est compter sans la délicatesse de mise en scène et d'écriture d'Emmanuel Mouret, et le talent de ses trois comédiennes. Un événement tragique survient assez tôt et fait basculer l'histoire dans tout autre chose : une réflexion profonde sur l'impact des sentiments sur nos vies, une belle étude de caractères… avec en même temps une pointe de comédie. Car Emmanuel Mouret, grand cinéphile, a retenu la leçon de ses maîtres, Billy Wilder et Woody Allen…

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