Duras et Platini : entretien de haute altitude
La pièce Duras-Platini, actuellement présentée au théâtre de la Reine Blanche à Paris, rejoue l'interview lunaire entre l'illustre écrivaine et le triple Ballon d'or, publiée en décembre 1987 dans Libération. Une tranche de la vie de Platoche restée culte, même 36 ans après.
Le 3 mars 1996, à Paris, l’icône Marguerite Duras s’éteint à l’âge de 81 ans, emportant avec elle son œuvre absolue d’écrivaine, journaliste, penseuse, philosophe, romancière ou encore réalisatrice. Dans les pages que lui consacre le lendemain Libération – quotidien dont elle a noirci les colonnes de manière sporadique –, on peut lire le témoignage d’un certain Michel Platini, qui n’a pourtant rencontré Duras qu’une seule fois, huit ans plus tôt, pour un entretien dans ce même journal. Et l’hommage de Platoche ne ressemble à aucun autre : « Une heure avec Marguerite Duras, ça a été plus dur pour moi que n’importe quel match de ma carrière. J’ai vécu cette interview comme quelque chose de complètement irréaliste, ou plutôt surréaliste, raconte-t-il. J’ai toujours adoré le contact avec des gens qui n’étaient pas du football. Avec elle, j’étais servi, car je suis certain qu’elle n’était jamais allée à un match de football. […] C’était une façon complètement différente de voir le sport. Elle m’a beaucoup parlé de l’ambiance, du rapport de l’homme par rapport à un ballon, de ma famille. Ses questions étaient souvent touchantes. […] Je n’ai jamais été interrogé par quelqu’un d’aussi ignare des choses du football. »