Delon à toute allure
On serait bien gêné de définir en un mot ce que la mode ou plus globalement le style doit à Alain Delon – et vice versa… Quand Jean-Paul Belmondo fut, à travers ses rôles et ses apparitions publiques, une incarnation pleine d'évidence, de gouaille et de chien du chic hexagonal, passant du costume de la Nouvelle Vague au blouson de cuir sportswear des années 1970 puis 1980, avec l'aplomb d'un homme presque comme les autres, la beauté insolente d'Alain Delon créa de la distance avec les pauvres mortels, bien en peine de se reconnaître dans le bel indifférent.
Les années passant, la fascination ne cessa pas, tous ayant pour la figure fatiguée les yeux de la Phèdre de Racine décrivant un Hippolyte réenchanté en jeune Thésée : « Non point tel que l'ont vu les enfers, volage adorateur de mille objets divers […] Mais fidèle, mais fier, et même un peu farouche, Charmant, jeune, traînant tous les cœurs après soi… »
Sa beauté sublime toute pièce
Delon, héros tragique du style ? Peut-être bien. Dans sa vie, il alterna, comme sur grand écran, le smoking des soirs de première – avec Mireille Darc à son bras – et les grosses mailles à col châle pour week-end au coin du feu et sortie avec les chiens dans sa résidence de campagne de Douchy ; le manteau droit et le trench comme volés sur le tournage d'un film de Jean-Pierre Melville ; le jean blanc et les mocassins de peau portés sans chaussettes – le look années 1960's French Riviera, ambiance couple de légende avec Nathalie [...] Lire la suite