Défense européenne : comment Berlin a lâché Paris pour Washington
Le programme industriel de défense européen (EDIP) connaît un nouveau rebondissement désolant. Après un savant jeu d'alliances qui avait permis d'isoler l'opposition néerlandaise, le retournement allemand vient rebattre les cartes, illustrant une nouvelle fois les fragilités de l'Europe de la défense.
L'enjeu est de taille : définir quels équipements militaires pourront bénéficier des financements européens. La France, soutenue par plusieurs États membres, défend une ligne « souverainiste » exigeant un minimum de 65 % de composants européens et, surtout, la capacité pour les industriels de s'affranchir progressivement des 35 % restants.
Une façon habile d'éviter que l'argent européen ne finance des équipements américains tout en reconnaissant la réalité actuelle des chaînes d'approvisionnement. Aujourd'hui, l'argent du programme EDIP (1,5 milliard d'euros) est encore modeste. Mais demain, quand les Européens investiront bien davantage (on parle de 100 milliards d'euros), ce sera trop tard si la bataille des principes est déjà perdue…
L'enjeu de « l'autorité de conception »
Ce n'est pas qu'un enjeu financier. En toile de fond, ce qui est central dans le débat sur EDIP, c'est l'autorité de conception (selon l'expression anglaise design authority) car il touche à la souveraineté opérationnelle des armées européennes. Actuellement, de nombreux systèmes d'armes européens intègrent des composants américains soumis aux réglementations ITAR (International Traffic in A [...] Lire la suite