"On a découvert qu’on peut ambiancer une piscine": les Irrésistibles Français veulent créer des kops pour chaque sport après les JO de Paris 2024

Une chaîne de volcans en plein cœur de la capitale. Depuis le début des Jeux olympiques de Paris 2024, les sites des épreuves bénéficient d’une ambiance incandescente, surtout lors des passages des athlètes français. Les journalistes, les fans et les touristes étrangers se disent bluffés par l’atmosphère électrique qui règne dans chaque spot de compétition, de l’Arena Champ de Mars au Grand Palais, en passant par Roland-Garros, Bercy, l’Arena Paris Sud, la Concorde ou la Tour Eiffel. Les sites limitrophes profitent également de la ferveur tricolore, à l’image du plan d’eau de Vaires-sur-Marne, du mur d’escalade du Bourget, de la Colline d’Elancourt ou du Vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines. Partout des chants bruyants, des gens debout, des applaudissements nourris et les noms des champions français qui résonnent.

Une mobilisation impulsée par les fameux carrés de supporteurs, sous le contrôle du CNOSF et du Cojo. Des espaces réservés aux plus motivés qui ont entraîné des centaines de spectateurs dans leur sillage. Ces zones de turbulents ont été imaginées à la base par le groupe des Irrésistibles Français, les fidèles supporteurs de l’équipe de France de football. Au lendemain de l’attribution officielle des JO 2024, les fans de la formation de Didier Deschamps ont pris contact avec le CNOSF en leur proposant de réfléchir à la manière d’animer les tribunes des Jeux sept ans plus tard. Une collaboration a été entamée dès 2018, avec l’objectif de monter un groupe de supporteurs pour les JO de Tokyo. Mais les épreuves ont finalement eu lieu à huis clos au Japon, à l’été 2021, en raison de la pandémie de Covid.

"On a créé cette petite étincelle et ça s’est vite embrasé"

Les bases ont donc été conservées pour Paris 2024: "Le Cojo a repris ce projet de carrés supporteurs, avec le nom ‘Allez les Bleus’ qu’on voulait donner et l’idée des ambianceurs qu’on avait imaginé. Ils avaient les moyens de le faire donc ils l’ont fait, c’est très bien", approuve Hervé Mougin, le président historique des Irrésistibles Français.

L’association lancée en 2010 compte aujourd’hui 2.300 membres, dont plusieurs ont été mis à contribution pour les JO de Paris. Des dizaines d’entre eux sont devenus ambianceurs sur les différents sites. En amenant leur enthousiasme, leur bonne humeur et leur expérience des gradins. "On a créé cette petite étincelle et ça s’est vite embrasé", savoure Hervé, ravi de voir le résultat. Au moment de briefer ses troupes, le quinquagénaire leur a demandé de s’adapter aux contextes des différents sports présents aux JO. Pour réchauffer l’atmosphère sans transformer non plus chaque salle en Stade de France.

Une façon de supporteur adaptée à chaque sport

"On essaye de faire attention aux chants qu’on utilise pour ne pas faire trop foot, même s'il y a forcément des codes qui viennent de là", résume le leader des Irrésistibles Français. "Il y a un gros travail qui a été fait sur cette question. Avec un pôle dédié à chaque site. Pour chaque sport, il y a une façon différente de supporter. On ne supporte pas de la même manière au tennis, au tir ou au water-polo. Il y a des rythmes et des actions différentes. Il faut trouver les bonnes façons de supporter dans chaque sport."

Des rencontres avec des responsables de fédérations ont eu lieu pour poser les bases, avant que le Cojo reprenne la main et y ajoute une ambiance musicale, des animations et des speakers. "C’est un travail collectif depuis plusieurs années. Aujourd’hui, les résultats sont là et on en est très fiers", souffle Hervé Bougin. "Au début, on s’est posé des questions sur certains sports. Au golf par exemple ou au tir. On s’est demandé s’il fallait mettre de l’ambiance ou s’il fallait plutôt laisser les athlètes se concentrer dans le calme. On a discuté avec des supporteurs des sports en question, des proches de sportifs ou des dirigeants fédéraux. Et on s’est dit qu’il valait mieux qu’il y ait de l’ambiance plutôt que du silence."

Du matériel fourni par les organisateurs

Certains membres des Irrésistibles ont été envoyés sur des sports qu’ils connaissent. D’autres ont eu droit à une découverte totale. "Il y en a un qui m’a dit, je veux absolument découvrir le canoë-kayak, donc il est allé à Vaires-sur-Marne", illustre Hervé Bougin. Il a aussi fallu s’adapter aux disponibilités et aux plannings de chacun. Le judo, l’athlétisme et la natation ont été les disciplines les plus demandées. "On a découvert qu’on pouvait ambiancer une piscine", s’amuse le président des Irrésistibles Français, natif de Sochaux et aujourd’hui installé à Dijon.

Les ambianceurs choisis, tous bénévoles, se sont vu offrir les places correspondant à leur session. Mais ils ont du prendre en charge leur transport, leur logement et leur nourriture. Les carrés de supporteurs ont été établis en fonction de la configuration et de la capacité d’accueil de chaque site. Des spectateurs ayant déjà un billet se sont vu proposer de les investir pour donner de la voix derrière les Bleus. Des touristes s’y sont parfois retrouvés par hasard après avoir racheté certaines places. Le Cojo et le CNOSF ont mis à disposition des drapeaux, des tambours, des mégaphones et des goodies pour créer une ambiance bleu-blanc-rouge. Avec les fameux portraits géants des athlètes tricolores. Les Irrésistibles Français ont prêté quelques drapeaux, notamment lors de la cérémonie d’ouverture sur la Seine.

Créer des "kops français" un peu partout

Face à l’énorme engouement pour les JO 2024, leur leader espère désormais lancer un mouvement durable autour des athlètes français: "L’héritage des Jeux, ce sera de faire en sorte de motiver les gens à aller voir d’autres sports. S’il y a une Coupe du monde de BMX en France ou en Suisse juste à côté, on demande qui est chauds et on y va. L’idée, c’est que ça devienne habituel qu’il y ait un kop français un peu partout. On voit bien que nos sportifs sont heureux d’être supportés et ça les aide dans leurs performances."

Pour encadrer la ferveur, Hervé Bougin souhaite créer un club officiel des supporteurs olympiques, avec des responsables à former et une liste de membres à contacter à chaque occasion. En reprenant peut-être le nom "Allez les Bleus" utilisé pour Paris 2024. Des réunions sont prévues dans les semaines à venir afin de faire le bilan des JO et se projeter sur la suite. L’idée serait aussi de pouvoir récupérer une partie du matériel qui a servi lors de la quinzaine, pour qu’il soit dispo tout au long de l’année. Sans l’encadrement drastique du CIO, les supporteurs des Bleus devraient pouvoir se regrouper plus facilement dans les gradins où ils souhaiteront se rendre dans les mois à venir. En France ou ailleurs. "Demain, s’il y a une compétition de canoë par exemple, on peut venir à cinq-cents et dire: ‘On prend ce carré’, glisse Hervé. Et s’il faut mettre quinze tambours, on en met quinze. Parce qu’on sera à domicile. Il y aura moins de contraintes qu’aux JO..."

Article original publié sur RMC Sport