Le cri d’alarme d’un président amateur sur le "projet Mbappé"
"Avant il y avait des insultes, des intimidations, aujourd'hui ce sont des voitures incendiées." Le constat de Florian Aït Ali est terrible. Le président de l'US Colomiers est encore sous le choc des incidents survenus dans la nuit du 28 au 29 octobre, où les voitures de deux éducateurs U11 de l'US Colomiers, un club de football amateur haut-garonnais, ont été incendiées devant leur domicile, à 45 minutes d'intervalle.
La Ligue d'Occitanie et le District de football de Haute-Garonne ont alors décidé d'annuler les matchs amateurs de football de jeunes ce week-end dans une partie de l'Occitanie. Plus d'une dizaine de jours après ces terribles événements, les éducateurs sont encore sonnés. "Ça va prendre du temps pour se remettre de tels actes. D'autant plus que l'incendie qui a touché un des deux éducateurs s'est propagé dans son habitation, où il se trouvait avec ses quatre enfants. Ils ont réussi à sortir par l'arrière, grâce à une échelle. La maison est maintenant inhabitable, une cagnotte a alors été ouverte pour le soutenir financièrement", a indiqué Florian Aït Ali sur RMC ce samedi.
Si une enquête est en cours, les présumés coupables ne font aucun doute pour le président columérin. "Il y a de fortes probabilités que ce soit en lien avec notre club et des parents mécontents. On pense que cela est intervenu après une décision. Les éducateurs ont sélectionné 12 joueurs pour un tournoi. Et pour éviter d'en laisser 12 de côté, ils les ont envoyés faire un autre tournoi, moins prestigieux, pour qu'ils puissent aussi jouer", a-t-il affirmé dans l'émission RMC Anaïs Matin. Une décision qui n'a pas plu visiblement.
Le "projet Mbappé" remis en cause
Depuis l'éclosion de Kylian Mbappé à l'AS Monaco, devenu ensuite une star et l'un des meilleurs footballeurs actuels, le "projet Mbappé" n'a cessé de prendre de l'ampleur dans l'esprit de certains parents (trop) ambitieux. Florian Aït Ali, qui baigne dans le football amateur depuis de nombreuses années, a vu le phénomène exploser.
"Dans le football, il y a la possibilité de pouvoir prendre un ascenseur social, et possiblement sortir sa famille de problèmes financiers par ce que l'on appelle le projet Mbappé", explique-t-il. "Ce que je vois de plus en plus au fil des années, c'est que les parents, même s'ils sont dans une situation financière difficile, sont prêts à payer des entraîneurs particuliers, pour ajouter une heure d'entraînement à la semaine."
Ce boom du "projet Mbappé" ne reste pas sans conséquence. Les parents prêts à tout, malgré "un taux de réussite quasi nul", se retrouvent trop impliqués. "On voit cette violence augmenter, mais être banalisée. On est parti il y a quelques années d'insultes, d'intimidations, aujourd'hui ce sont des voitures incendiées devant leur domicile. Il faut que cela cesse, avant qu'il n'y ait un mort", affirme-t-il. Et pour éviter un tel drame, le président de l'US Colomiers veut des mesures dissuasives: "Il y a quelques années, lorsque les arbitres étaient agressés, ils bénéficiaient d'un statut qui permettait d'être protégés. Il faut aller vers un statut du dirigeant, pour que les accompagnateurs, les personnes autour du terrain sachent que si l'on s'en prend à des dirigeants, il peut y avoir des sanctions, des suites judiciaires."