Coupe du monde de rugby: quand les Fidjiens menaçaient leur Fédération de faire grève pour le quart de finale
"La corruption est présente dans le rugby fidjien"... Difficile de faire plus clair. Dans un entretien accordé lundi au Daily Mail, le capitaine des Fidji, Waisea Nayacalevu, a décidé de s'exprimer sur les problèmes internes que connaissent les joueurs du Pacifique avec leur Fédération.
"Cela n'a jamais été évoqué publiquement, mais il est temps que ça sorte", avoue enfin le trois-quarts. "Il faut se débarrasser de ce virus qui a toujours été présent". Et ce virus, le centre des Sale Sharks, n'a pas peur de le nommer. "La corruption est belle et bien présente dans le rugby fidjien", confie l'international fidjien depuis 2012, qui connaît sa sélection sur le bout des doigts. "Cela fait plus de dix ans que je représente les Fidji, et c'est toujours la même chose", poursuit-il. "Les gars sont payés à moitié, ou pas du tout, pendant des semaines."
"Si vous ne payez pas, personne n'ira jouer"
Un énième cas aurait poussé Waisea Nayacalevu à prendre la parole. En octobre dernier, les coéquipiers de Levani Botia se préparaient pour disputer leur quart de finale contre l'Angleterre, mais un événement aurait entaché leur préparation: un retard sur les paiements. Selon le capitaine des Fidji, ses coéquipiers et lui "n'auraient été payés que le jeudi précédant la rencontre".
Et ce serait une menace qui aurait poussé la Fidji Rugby Union (FRU) à rémunérer (à retardement) ses joueurs. "On avait décidé de ne pas jouer le match face à l'Angleterre, on voulait partir: 'Si vous ne payez pas, personne n'ira jouer ce quart de finale'", a confirmé Waisea Nayacalevu qui affirme également que les dirigeants leur "avaient promis un bonus qu'ils n'ont jamais eus."
C'est donc un séisme dans le monde du rugby qui a été évité. Le quart de finale ayant bien été joué, voyant les Anglais d'Owen Farrell rallier le dernier carré (30-24) de la Coupe du monde.
La Fédération a réagi et s'est dite "attristée"
Dans un long communiqué publié sur son site, la Fédération fidjienne (FRU) a répondu à ces allégations et s’est dite "attristée, mais préoccupée par les commentaires de Waisea (Nayacalevu)." Lui demandant de "fournir des preuves spécifiques pour étayer ses accusations de corruption envers la Fédération."
Sur les accusations de bonus impayés, la FRU s'est défendue en précisant que les primes dépendaient des résultats. "Avec le soutien du gouvernement, des primes ont été offertes à ce moment-là: 30.000 dollars (27.000 euros) pour une victoire en quart de finale, 40.000 dollars pour une victoire en demi-finale et 50.000 dollars pour une victoire en finale. Les bonus étaient donc basés sur les réalisations de l'équipe", poursuit la Fidji Rugby Union, avant de conclure en confirmant que "la prime n'a pas seulement été promise, elle a été versée. Les frais d'inscription de 30.000 dollars ont été payés. L'indemnité journalière de 500 dollars a été versée. Au total, chaque joueur de l'équipe pour la durée du camp et de la Coupe du monde a reçu environ 105.000 dollars pour avoir participé à la Coupe du monde."