Claude Lelouch : « En me demandant de réciter le Notre Père face à un officier de la Gestapo, cette prof m’a sauvé la vie »
« Dissipé, mauvais élève », Claude Lelouche dit n'avoir jamais aimé l'école. Le réalisateur garde pourtant un souvenir ému de M. Dubois, le « seul professeur qui a su [lui] donner envie de travailler », et de cette institutrice qui l'a sauvé face à la Gestapo en 1944. Un épisode qu'il a reconstitué dans son film Les Uns et les Autres (1981) et qu'il a accepté de nous raconter.
« Elle était jolie, elle avait un beau sourire et des cheveux clairs, tirant vers le roux. Du reste, de sa classe, de mes camarades, je n'ai que de vagues souvenirs. Je n'avais que 6 ans et surtout je ne suis resté dans cette école que quelques jours. On était au début de l'année 1944. Mon père se trouvait en Algérie. Ma mère et moi devions tout le temps changer de ville pour éviter d'être dénoncés à la Gestapo.
Nous venions d'arriver à Tourrettes-sur-Loup, un tout petit village de moins de 4 000 habitants situé près de Nice, dans les Alpes-Maritimes. Le curé, qui s'appelait M. Chabot, nous cachait. Et il avait demandé à cette enseignante de me prendre dans sa classe le temps que nous passerions là. Avant cela, il avait pris soin de m'apprendre la prière du Notre Père. “Au cas où…” disait-il.
Non, non, celui-là, il faisait pipi de travers quand il était petit. Alors il s’est fait opérer. Il est catholique.
J'étais le dernier pour apprendre mes leçons, mais allez savoir pourquoi cette prière-là, je l'ai sue très vite et très bien. Quelques jours après notre arrivée, des officiers alleman [...] Lire la suite