Quand Christine Jordis ressuscite deux écrivains

David Gascoyne et Kathleen Raine, au panthéon littéraire de Christine Jordis.  - Credit:George Douglas/Picture Post/Hulton Archive/Getty – Courtesy of the Temenos Academy/DR
David Gascoyne et Kathleen Raine, au panthéon littéraire de Christine Jordis. - Credit:George Douglas/Picture Post/Hulton Archive/Getty – Courtesy of the Temenos Academy/DR

Il n'existe pas de vrais écrivains qui ne furent d'abord de grands lecteurs et des « amateurs d'âme » (Barrès). Il faut avoir lu des livres par centaines pour n'en concevoir qu'un et lui donner sa plus juste expression. Christine Jordis le sait, qui ne cesse de se ressourcer à ses chers Anglais, elle qui se jeta tard à l'eau avec un essai sur les romancières britanniques – De Petits Enfers variés (prix Femina 1989) –, avant de consacrer des livres à Jean Rhys et à William Blake.

Inspirée par le « fil d'or » cher à ce dernier, elle s'attache ici à nous faire découvrir, à côté de Virginia Woolf ou Aldous Huxley, deux auteurs moins connus de nous, David Gascoyne (1916-2001) et Kathleen Raine (1908-2003). Acclamé dès l'âge de 16 ans pour un recueil de poèmes, le premier fut accueilli par les surréalistes dans le Paris des Années folles finissantes comme un nouveau Rimbaud, avant de partir soutenir les Républicains en Espagne et de rentrer en France mener une vie de poète marginal, qu'il consigna dans son merveilleux Journal de Paris et d'ailleurs. 1936-1942, qui gagnerait à être réédité.

La seconde, poétesse et critique, que Gascoyne tenait pour son âme sœur, eut une vie matérielle tout aussi difficile, mais s'implanta bien plus solidement dans la réalité ; tandis que Gayscone s'enfonçait dans la maniaco-dépression, elle s'enracinait dans une nature nimbée de spiritualité dont témoignent les poèmes du Royaume invisible. Dans cette glace double que Christine Jord [...] Lire la suite