Pourquoi les ruptures amicales font-elles si mal ?

C'était il y a quinze ans, pourtant Marie*, 36 ans, se rappelle encore la scène avec précision. À Paris, au seuil de l'été, elle sollicite un échange avec sa plus proche amie (« C'était “froid”, depuis plusieurs jours, sans que je ne sache pourquoi ») quand claque la sentence, brutale, douloureuse et définitive : « Tu ne m'apportes plus humainement. »

« C'était très violent. Je ne comprenais pas ce qu'il m'arrivait, d'autant que rien ne m'avait laissé présager une telle issue », confie la jeune femme, encore peinée par l'évocation de cet épisode. « Autant on sait ce qu'on risque en amour, oppose-t-elle. Autant en amitié, on n'est jamais vraiment préparé à ça… »

Moins documentée, moins représentée aussi, que son équivalent amoureux, la rupture amicale n'en constitue pas moins un bouleversement intime, une blessure et, dans bien des cas, une épreuve difficile à surmonter. « Certains chagrins d'amitié sont même plus douloureux que des chagrins d'amour », observe Anne-Laure Buffet, thérapeute et autrice de L'Amitié (Eyrolles, 2022).
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« Parce qu'on se met à nu et se livre sur ses failles plus que dans tout autre type de relation, la rupture amicale relève non seulement de la perte, mais aussi de la dépossession d'une part de son histoire », développe-t-elle. Une situation d'autant plus difficile que l'amitié – à laquelle on attribue des « valeurs consolatrices » – « n'est pas censée faire souffrir ».

Pas plus qu'elle n'est ce [...] Lire la suite