La cathédrale de Strasbourg plongée dans le noir : l’impasse de la décroissance
« L'énorme cathédrale, le sommet le plus haut qu'ait bâti la main de l'homme après la grande pyramide, se dessinait nettement sur un fond de montagnes sombres d'une forme magnifique […] Je n'ai jamais rien vu de plus imposant. » Ainsi parlait Victor Hugo de la cathédrale de Strasbourg en 1842. Un bâtiment que le poète n'aurait pu apercevoir dans la nuit noire des soirs d'octobre de 2024, après que la mairie eut décidé l'extinction de ses feux dès 23 heures. Le 15 octobre, une photographie montrant Notre-Dame indiscernable dans l'obscurité, éclairage de façade éteint pour motif politique, selon un élu de la majorité municipale, a suscité l'émoi de beaucoup, l'ire de certains, l'incompréhension de tous. La municipalité a malgré tout assumé son choix : « Cette extinction anticipée ne vise pas simplement à réaliser des économies financières. Il s'agit pour la ville de Strasbourg d'être exemplaire au moment où des efforts de sobriété énergétique sont demandés à l'ensemble des citoyennes et citoyens. »
Cachez ce grès rose millénaire que je ne saurais voir
La mise en lumière de la cathédrale avait pourtant été célébrée en grande pompe, en 2016, par les édiles de l'époque. La dentelle architecturale de l'édifice, que l'auteur des Contemplations qualifiait de « chef-d'œuvre du gigantisme et du délicat », avait alors bénéficié d'un nouveau dispositif d'éclairage de pointe afin d'en sublimer tous les élégants détails chromatiques et géométriques. De quelle sobriété par [...] Lire la suite