La caricature, arme d’éducation massive
Voilà dix ans, des journalistes ont été exécutés, dans notre pays, par des terroristes islamistes. Pourquoi ? pour avoir publié des caricatures de Mahomet. Quatre ans plus tard, c'est un professeur d'histoire-géographie et d'éducation morale et civique qui a été décapité. Pourquoi ? pour avoir montré ces caricatures à ses élèves. Il y a vingt ans, les mécanismes qui ont mené à l'assassinat de nos camarades étaient déjà en germe au sein de la jeunesse, tout au creux de nos salles de classe. Mais si l'attitude d'adolescents enfermés dans un milieu socioculturel exigu était défiante, leur discours n'était ni arrêté ni construit. Après les attentats de Charlie, leur réaction face aux questions de la laïcité, de l'homosexualité, de l'égalité garcons-filles, de l'antisémitisme, avait enfin trouvé une forme officielle, comme un rempart contre la rhétorique subversive de l'école ; une bannière : l'anti-charlisme. Et cette identité de groupe nouvelle, forte comme le sont les effets de mode et galvanisante comme l'est le sentiment d'appartenance chez les jeunes gens, plus que jamais clivait l'école en deux : eux, et nous. Les élèves, leurs familles, leurs valeurs que nous ne pouvions pas comprendre, leur milieu, leur vérité ; et les profs, l'institution, officiellement hostile puisqu'elle défendait l'action de dessinateurs « islamophobes ». Et même si personne ne soutenait ouvertement le meurtre de journalistes ou de policiers, ils étaient en classe nombreux à pense [...] Lire la suite