Boris Cyrulnik : « Non, on ne peut pas prêcher la résilience pour tous »

Boris Cyrulnik a dirigé un ouvrage collectif sur la résilience.  - Credit:Arthur Maia-Saif images
Boris Cyrulnik a dirigé un ouvrage collectif sur la résilience. - Credit:Arthur Maia-Saif images

Le terme, depuis quelques années, est sur toutes les lèvres : la « résilience ». Boris Cyrulnik, neuropsychiatre et auteur de renom, qui a introduit le concept dans les années 1980, pourrait s'en réjouir. Il n'en est rien. Résolument tendance, la résilience (qualifiant initialement une « reprise évolutive après un traumatisme ») souffre aujourd'hui d'emplois abusifs et surtout de contresens, déplore le spécialiste.

D'abord source d'espoir pour les patients et praticiens (le traumatisme n'est plus inexorable), le concept est entré dans le langage commun pour devenir désirable à tout un chacun et – plus problématique encore – faire des blessés de l'âme et du corps en voie de guérison des résistants à toute épreuve.

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Plus qu'un dévoiement, un paradoxe, qu'il s'emploie dans Les Deux Visages de la résilience – contre la récupération d'un concept*, un ouvrage collectif signé d'experts issus de disciplines diverses (psychologie, linguistique, neurophysiologie…), à décrypter. Car ces contresens, alerte-t-il, « posent un problème philosophique et éthique ».

Le Point : Qu'est-ce qui vous a poussé à cette mise au clair ?

Boris Cyrulnik : Il y a 40 ans, j'ai coorganisé, à Toulon, le premier congrès international sur la « communication intra-utérine ». À l'époque, l'université nous apprenait que tant qu'un enfant ne parlait pas, il ne comprenait pas. Or, avec des chercheurs internationaux, nous a [...] Lire la suite