Blessés et appauvris, les anciens combattants du Tigré sont livrés à eux-mêmes

Ce hangar, en périphérie de Mekelle, accueille une centaine d'ex-combattantes et leurs enfants. Beaucoup d'entre eux souffrent de malnutrition et d'autres maladies aggravées par la promiscuité et le manque de soins.  - Credit:Augustine Passilly
Ce hangar, en périphérie de Mekelle, accueille une centaine d'ex-combattantes et leurs enfants. Beaucoup d'entre eux souffrent de malnutrition et d'autres maladies aggravées par la promiscuité et le manque de soins. - Credit:Augustine Passilly

La sonde reliant une poche de liquide blanchâtre à sa gorge n'empêche pas Rozina Zerabrham de dérouler son récit. Cette ex-combattante du Front de libération du peuple du Tigré (FLPT) souffre de malnutrition. Elle ne peut plus marcher et urine via une sonde. Pourtant, la jeune femme de 24 ans ne regrette pas son engagement militaire. « J'ai contribué à la paix », assure-t-elle fièrement.

Depuis la fin de la guerre au nord de l'Éthiopie, en novembre 2022, Rozina Zerabrham est soignée à l'hôpital Awash, dans la capitale régionale, Mekelle. Au total, ils sont 1 563 anciens soldats à recevoir des soins dans ce centre hospitalier, un an et demi après l'armistice. Une infime portion, malgré l'imposante carrure du bâtiment, puisque 7199 vétérans sont traités rien qu'à Mekelle. Ces blessés comptent parmi les 274 800 ex-combattants du Tigré à qui un programme de réhabilitation a été promis, comprenant un accompagnement psychosocial ainsi qu'un soutien éducatif et financier afin de se réintégrer professionnellement. Mais en ce début juillet, le projet est au point mort.

« Le retard vient à la fois d'un manque de financements et de volonté du gouvernement fédéral. Et puis, si les forces armées amharas et les forces érythréennes ne se retirent pas, comment pourrions-nous mettre en place le programme de désarmement, de démobilisation et de réintégration ? », interroge un représentant de la branche tigréenne de la Commission nationale de réhabilitation, en référence aux t [...] Lire la suite