Ballon d'or 2024: comment Rodri, joueur de l'ombre par excellence, s'est retrouvé au sommet du foot mondial
Ne la cherchez pas, elle n'existe pas. Ce lundi soir, les fans du foot du monde entier vont chercher sur Instagram la photo postée par Rodri, tout sourire avec le Ballon d'or. Sauf que l'Espagnol n'a pas de compte sur la plateforme. Une rareté dans le sport de haut niveau d'aujourd'hui. Profondément contre le foot business, Rodri est l'anti-star par excellence. Aussi, la surprise est d'autant plus grande de le voir soulever ce trophée tant convoité.
Le milieu de terrain espagnol a subtilisé un Ballon d'or qui semblait promis à Vinicius, lundi soir au Théâtre du Châtelet, rendant fou de rage le Real Madrid. Moins spectaculaire sur le plan offensif mais tellement précieux dans l'entrejeu, l'Espagnol a plané sur le football européen la saison passée. Vainqueur de la Premier League avec City et champion d'Europe avec l'Espagne, il remplit l'un des critères devenus essentiels dans le vote: les "performances individuelles et le caractère décisif et impressionnant". À côté des Vinicius, Bellingham ou Yamal, Rodri n'était pas le joueur le plus éblouissant parmi les favoris. Mais son abattage et son rendement ont séduit les 100 journalistes votants, issus des pays du top 100 Fifa. Joueur d'équipe, Rodri est même "irremplaçable" selon Pep Guardiola.
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Le sacre d'un joueur de l'ombre
La saison passée, Manchester City n'a pas perdu en Premier League lorsque son milieu de terrain espagnol était sur le terrain. Suspendu lors de chacune des trois défaites des Cityzens en championnat, Rodri est devenu, en quatre saisons, le taulier de City et l'homme de base de Guardiola. Il a même inscrit six buts en championnat et un autre lors de l'Euro.
Avant la défaite en quart de finale retour de Ligue des champions face au Real en avril dernier, Rodri restait sur une série de 66 matchs sans défaite avec City, toutes compétitions confondues. En Allemagne, il a étiré sa magnifique saison jusqu'au sacre européen. Désigné meilleur joueur de l'Euro, c'est durant l'été qu'il a probablement le plus tapé dans l'œil des journalistes et notamment ceux non-européens. Le sacre de Rodri est celui, à contre-courant de l'époque, d'un joueur profondément collectif et loin d'être une bête de stats.
La reconnaissance, l'Espagnol l'a déjà eue. Lors des deux dernières saisons, il a été sélectionné par les autres joueurs de Premier League dans l'équipe de l'année du championnat anglais. Dans un entretien à ESPN quelques jours avant la cérémonie, le milieu formé à l'Atlético puis à Villareal semblait pourtant assez pessimiste sur ses chances.
"Nous savons tous comment cela fonctionne et c’est quelque chose qui ne me frustre pas", avait-il déclaré à propos du Ballon d'or.
Et de poursuivre: "J’espère que parfois, dans les dix prochaines années, nous aurons un ou deux joueurs à mon poste, ou à un poste différent, que les gens pourront apprécier pour ce qu’ils font sur le terrain. Il y a de grands joueurs sur l'aspect défensif, sur le milieu de terrain. Nous sommes tous d’accord sur ce point." Lui a mis tout le monde d'accord et interrompt l'écrasante domination des buteurs dans le palmarès récent du trophée.
Rodri succède à Cannavaro
Le dernier joueur au profil défensif à avoir remporté le Ballon d'or était Fabio Cannavaro, en 2006. Une autre époque footballistique, que l'Espagnol ressuscite en mondovision. "Je privilégierai toujours un joueur offensif, mais Rodri est la force dominante à son poste, il a une telle influence sur les équipes pour lesquelles il joue et ces équipes ont eu tellement de succès..." disait il y a quelques jours le Ballon d'or 2001 Michael Owen, auprès d'ESPN.
Blessé au ligament croisé du genou droit fin septembre, Rodri ne rejouera plus cette saison. Il avait dénoncé quelques jours avant les cadences infernales imposées aux joueurs, avec l'augmentation constante du nombre de matchs. Le nouveau Ballon d'or est monté sur la scène du Théâtre du Châtelet en béquilles, symbole d'un phénomène dénoncé par de plus en plus de joueurs. Avec ce Ballon d'or, il bascule dans une autre dimension, celle des superstars mondiales. Un statut loin d'être naturel pour un joueur de l'ombre, récompensé à sa juste valeur.