Bachar Mar-Khalifé : « La catastrophe que vit le Liban ne suscite pas l’émotion qu’elle devrait provoquer »
Écoutez sa voix, au moins une fois : sa douceur ne vous lâchera plus. Né à Beyrouth, fils de Marcel Khalifé, légende du Oud, et de la chanteuse et poétesse Yolla Khalifé, lui-même multi-instrumentiste surdoué et auteur de musiques de film plusieurs fois primées, le compositeur et chanteur franco-libanais Bachar Mar-Khalifé invente depuis des années un univers singulier où se côtoient jazz, chant, hip-hop, piano et musiques traditionnelles : un monde que traverse, lancinant, le constant déchirement de l'exil.
En concert exceptionnel à Paris (du 28 au 30 novembre à l'Athénée, puis en tournée) pour interpréter en acoustique l'ensemble de ses musiques de film, il sort au même moment un nouvel album – Postludes (Balcoon) – qui compte, entre autres, des préludes de Chopin, une reprise des « Paradis perdus », de Christophe, et une interprétation totalement bluffante de « Something in the Way », de Nirvana. Envoûtant.
Le Point : Dans votre nouvel album, vous reprenez les « Paradis perdus » de Christophe et « Something in the Way » de Nirvana… Pourquoi réinterpréter ces morceaux ?
Bachar Mar-Khalifé : J'ai connu et côtoyé Christophe, nous avons enregistré une chanson ensemble, « Jnoun », et sa disparition a été une grande douleur. C'était une personnalité libre, qui a traversé beaucoup d'époques musicales différentes, il est resté lui-même, sans jamais se laisser envahir, influencer.
Pendant deux ans, j'ai arrêté les concerts, je me suis remis intensément au piano, et [...] Lire la suite