Arsenal-PSG: "Petit Guardiola", conseils de Pochettino, éclosion de Ronaldinho… comment Mikel Arteta a lancé sa carrière à Paris
Un petit pincement au cœur et un regard nostalgique dans le rétroviseur. Mikel Arteta s’apprête à vivre un moment chargé d’émotion lors du match au sommet entre Arsenal et le PSG, ce mardi en Ligue des champions (21h). Plus de vingt après, le coach des Gunners n’a rien oublié de son passage dans la capitale française, où il a lancé sa carrière de joueur alors qu’il était à peine majeur. "Je ressens une gratitude éternelle pour le PSG, qui m’a donné l’opportunité de jouer pour la première fois au niveau professionnel. J’ai apprécié cette expérience au club, la ville, les coéquipiers et l’entraîneur que j’ai eu. Les affronter aujourd’hui, c’est très spécial pour moi", a expliqué le technicien de 42 ans avant le choc à l’Emirates Stadium.
Alerté sur son potentiel lorsqu’il entraînait l’Athletic Bilbao (1996-2000), c’est Luis Fernandez, alors sur le banc du PSG, qui a utilisé ses réseaux en Espagne pour faire venir Mikel Arteta début 2021. Sous la forme d'un prêt. Le jeune milieu de terrain évoluait avec la réserve du FC Barcelone, où il a été formé, sans avoir disputé le moindre match pro. Le natif de Saint-Sébastien a débarqué durant l’hiver à l’âge de 18 ans comme un parfait un inconnu, en compagnie de son compatriote Quique De Lucas (qui ne fera que cinq apparitions sous le maillot rouge et bleu).
Révélé à San Siro, couvé par Pochettino
Mais son talent a rapidement sauté aux yeux de tout le monde au Camp des Loges. "Lors de son premier entraînement, on a fait une sorte de toro, avec six joueurs en cercle et deux autres au milieu qui devaient récupérer le ballon. Mikel était d’une facilité… pied droit, pied gauche, intérieur, extérieur, il ne perdait pas un ballon", se souvient Edouard Cissé, interrogé par Le Parisien. Son baptême au Parc des Princes a pourtant viré à l’humiliation en Coupe de France face à l’AJ Auxerre de Djibril Cissé et Khalilou Fadiga (0-4). Mais quatre jours plus tard, Arteta a marqué les esprits lors d’un nul dans l’antre de l’AC Milan en Ligue des champions (1-1). Son aisance technique, sa sérénité et sa vista ont bluffé tous les observateurs à San Siro. De quoi lancer pleinement son aventure parisienne.
Accompagné par sa mère dans la ville lumière, le droitier d’1,77m a logé durant plusieurs mois dans le même hôtel que l’Argentin Mauricio Pochettino. Et le défenseur central est vite devenu un mentor pour le jeune Basque. "Il a pris soin de moi comme d’un enfant, d’un petit frère", a récemment confié Arteta à beIN Sports. "Il a joué un rôle important dans mon succès à Paris car il s’est vraiment occupé de moi. Il m’a donné des conseils et beaucoup de confiance." Gabriel Heinze et Cristobal, les autres hispanophones du vestiaire, ont aussi entouré ses premiers pas. De quoi mettre en confiance l’ex-talent de la Masia, qui a rapidement été adoubé par les supporters du PSG.
"Le petit Guardiola" fait l’unanimité
Avec son n°4, son petit gabarit et son élégance naturelle, Mikel Arteta, positionné en sentinelle devant la défense, s’est imposé au fil des mois comme un élément incontournable au sein d’une équipe où évoluaient Ronaldinho, Jay-Jay Okocha ou Nicolas Anelka. Au point d’être surnommé "le petit Guardiola", en référence à Pep Guardiola, son idole de jeunesse (formé aussi au Barça), qu’il rejoindra en tant qu’adjoint à Manchester City (2016-2019), avant de devenir lui-même entraîneur principal.
"J’ai toujours eu une attirance pour ces milieux de terrain devant la défense, qui ont une facilité technique pour ressortir les ballons", se rappelle Luis Fernandez dans Ouest-France. "Il voyait assez vite, il cassait les lignes. Quand un coéquipier était embêté avec le ballon, il lui donnait. Défensivement, il n’allait pas tacler. Il avait un sens de l’anticipation, une intelligence dans le placement." Hors du rectangle vert aussi, le Basque a fait l’unanimité grâce à son attitude irréprochable, son humilité, son flegme et sa force de travail. Même s’il ne manquait pas de caractère pour son jeune âge.
Paris n’a pas réussi à le conserver
Séduit par le profil et la classe de Mikel Arteta, le PSG a prolongé son prêt d’un an à l’été 2001. De quoi permettre à l’Espagnol de prendre de l’assurance et d’enchaîner les matchs convaincants, dans un rôle parfois plus offensif. Avec quelques désillusions sur la scène européenne, à l’image de la défaite cauchemardesque à La Corogne en Ligue des champions (4-3) ou de l’élimination face aux Glasgow Rangers en 16es de finale de la Coupe de l’UEFA (0-0, 3 tab à 4). Mais aussi une quatrième place en championnat, après avoir un temps lutté pour le titre.
Malgré son rendement, son aura et sa volonté de prolonger, Mikel Arteta n’a pas été conservé après son deuxième prêt dans la capitale. Le PSG n’a pas pu s’aligner financièrement pour obtenir sa signature définitive en 2002. L’Espagnol est alors retourné à Barcelone, avant d’être transféré aux Rangers pour 7,9 millions d’euros (avec un salaire de 150.000 euros), puis de rejoindre Everton et Arsenal, où il rangera ses crampons en 2016. Au total, Arteta a disputé 53 matchs (dont 4 en C1) avec le PSG, pour 5 buts et 5 passes décisives (toutes compétitions confondues). Un bilan teinté de regrets pour le principal intéressé. "Je voulais rester là-bas, mais à ce moment-là, j’avais un contrat avec Barcelone et ils n’ont pas trouvé d’accord", résume aujourd’hui l’entraîneur d’Arsenal. "J’ai dû faire autre chose, mais j’étais très heureux à Paris et je voulais y rester..."