Arnaud Benedetti est professeur associé à l'Université Paris-Sorbonne et rédacteur en chef de la Revue politique et parlementaire. Il a publié « Comment sont morts les politiques ? » aux éditions du Cerf.

JDD. - Entre les mesures, qui d'une part, renforcent la lutte contre l'immigration illégale et d'autre part, favorisent l’intégration, le texte de la loi immigration repose sur une ligne de crête. L’impossible « en même temps » n'est-il pas le fond du problème ?

Arnaud BENEDETTI. On sait depuis longtemps la difficulté que la majorité présidentielle rencontre à trouver un point d’équilibre entre sa jambe gauche et sa jambe droite sur ce sujet. Les questions régaliennes, plus généralement, réintroduisent les clivages gauche/droite au sein même du camp présidentiel. La vision techno-économique consubstantielle du macronisme se heurte à la conflictualité politique, dès lors qu’il s’agit de trancher le nœud gordien des enjeux clivants. Et l’immigration en constitue un car il s’agit par nature d’un problème particulièrement abrasif.

Là où l’opinion publique a majoritairement fait le choix, comme le montre de manière récurrente tout un ensemble de sondages, d’une exigence de fermeté, de contrôle, la classe dirigeante est divisée à la fois pour des raisons économiques d’une part et philosophiques d’autre part. Toute la difficulté vient aussi de la genèse de l’entreprise macroniste qui au seuil de son aventure électorale portait une vision positive du phénomène migratoire,...

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