Affaire Lassana Diarra-Fifa: la Fifpro veut une convention collective pour réguler le mercato

Vers une révolution du mercato? En estimant vendredi que des règles de la Fifa encadrant les mutations entre clubs sont "contraires" au droit de l'Union européenne et "de nature à entraver la libre circulation" des footballeurs professionnels, la Cour de justice de l'Union européenne bouleverse le système de transferts.

"La Cour a parfaitement saisi les obstacles et les entraves rencontrés par les footballeurs professionnels depuis 2001 pour entrer sur le marché du travail et a fait spécifiquement référence aux dommages résultant du statu quo anticoncurrentiel", se satisfait la Fifpro, le syndicat mondial des joueurs.

"Nous félicitons Lassana Diarra d’avoir relevé ce défi qui a été si exigeant. La Fifpro est fière d’avoir pu le soutenir. Lassana Diarra – comme Jean-Marc Bosman avant lui – a fait en sorte que des milliers de joueurs à travers le monde puissent bénéficier d’un nouveau système qui doit garantir le respect de leurs droits au travail", poursuit le syndicat. "Cette décision est importante non seulement pour Lassana Diarra mais pour tous les joueurs, actifs et retraités. La Fifpro continuera d’analyser ce que cette décision signifie concrètement pour tous ces joueurs."

Représentants des joueurs comme des clubs appellent à l'élaboration d'une convention collective dans le football pour réguler le marché des transferts, organisé pour l'instant par la Fifa mais bouleversé vendredi par une décision de la justice européenne avec l'arrêt Lassana Diarra.

La Fifpro veut "convenir collectivement d'un nouvel ensemble de règles"

"Les réglementations actuelles définies unilatéralement par la Fifa ne sont plus tenables depuis longtemps", estime la Fifpro. "Il est essentiel que le marché du travail du football professionnel soit défini par les partenaires sociaux, y compris les joueurs, les syndicats nationaux et leur représentant mondial, la Fifpro. Cela doit se faire de manière collective et inclusive et par le biais d'un système de négociation de toutes les règles qui ont un impact sur les conditions de travail et le statut d'emploi des joueurs. Les autorités sportives doivent ouvrir les yeux et cesser de fonctionner de manière monopolistique."

"Comme nous l’avons fait à de nombreuses reprises auparavant, la FIFPRO réitère sa volonté d’entamer des négociations avec la FIFA et les autres partenaires sociaux du football professionnel pour convenir collectivement d’un nouvel ensemble de règles conformes au droit de l’UE et respectueuses des droits des joueurs."

À la demande de la justice belge, la Cour de justice de l’UE examinait le cas de l'ex-international français Lassana Diarra qui avait contesté, il y a dix ans, les conditions de son départ du Lokomotiv Moscou. En raison d'une réduction drastique de son salaire, Diarra avait quitté le club moscovite, mais ce dernier avait jugé la rupture abusive et lui avait réclamé 20 millions d'euros, ramenés à 10,5 millions d’euros. Conséquence: le club belge de Charleroi avait finalement renoncé au recrutement du Français par crainte d'avoir à assumer une partie de ces pénalités, conformément au règlement de la Fifa étudié par la CJUE.

Ces règles "sont de nature à entraver la liberté de circulation des footballeurs professionnels", a tranché vendredi la Cour. La juridiction considère qu'elles "font peser sur ces joueurs et sur les clubs souhaitant les engager des risques juridiques importants, des risques financiers imprévisibles et potentiellement très élevés ainsi que des risques sportifs majeurs, qui, pris ensemble, sont de nature à entraver le transfert international des joueurs".

Article original publié sur RMC Sport