« Aussi évident qu’énigmatique » : à quoi tient un coup de foudre amical ?

« Une connexion immédiate, naturelle, évidente. » C'est en ces termes qu'Anne, avocate de 42 ans, décrit sa rencontre avec Sophie, le même âge, survenue huit ans plus tôt, lors d'un dîner chez des amis communs. « Je peine encore à l'expliquer, mais alors que nous venions de nous rencontrer, j'avais l'impression que nous nous connaissions depuis toujours. »

Face à ce sentiment, ostensible et partagé, « son voisin de table m'a même laissé sa place, avant le plat de résistance… », se rappelle la quadragénaire dans un sourire. Ainsi, après « une longue soirée à refaire le monde », comme « absentes » à ceux qui les entouraient, Anne suggère à Sophie de « se revoir sans tarder ». « On ne s'est plus jamais quittées ! »

En amitié, comme en amour, il suffit parfois d'un instant pour que prenne l'étincelle, et que s'impose l'évidence qu'un, ou une, inconnu(e) n'est pas destiné(e) à le rester. À l'image de Montaigne avec La Boétie (« Parce que c'était lui ; parce que c'était moi »), les raisons de ces amitiés fulgurantes, à l'allure de coup de foudre, échappent parfois jusqu'aux premiers intéressés.

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« Elles sont aussi évidentes qu'elles sont énigmatiques », éluderait presque Michel Erman, philosophe et auteur de l'essai Le Lien d'amitié : une force d'âme (Plon, 2016). « Ces rencontres, précise-t-il, relèvent d'une sorte d'impulsion – purement contingente – doublée d'une intuition, selon laquelle l'autre, y compris dans son altéri [...] Lire la suite