Été 1914 : quand la France était prête à s’effondrer

Adolphe Messimy en 1911.  - Credit:Auteur inconnuUnknown author, Public domain, via Wikimedia Commons
Adolphe Messimy en 1911. - Credit:Auteur inconnuUnknown author, Public domain, via Wikimedia Commons

La France survit à la médiocrité. Après tout, on ne peut pas avoir, tous les jours, au bon endroit et au bon moment, le cardinal de Richelieu et l'archichancelier Cambacérès. Et pourtant, le pays dure. Cambrée, épuisée, parfois donnée pour morte, la France se relève. Parfois grâce à des individus exceptionnels, parfois grâce à elle-même. Aussi ne faut-il pas s'inquiéter d'une assemblée ingouvernable, la nation en a vu d'autres. Les triomphes de notre histoire occultent les difficultés éprouvées pour les accomplir, et permettent à des générations de politiciens de s'en prévaloir quand ils n'étaient, en fait, qu'une minorité à y avoir contribué. Ainsi en a-t-il été de la Première Guerre mondiale, à propos de laquelle on retient Georges Clemenceau et le maréchal Foch, mais dont on oublie qu'elle a commencé avec les pieds nickelés.

Adolphe Messimy est ministre de la Guerre le premier mois du conflit, à savoir en août 1914. Période où il a tenu une sorte de journal, ensuite mis en ordre pour le publier à la fin des années 1930. Une nouvelle édition vient de paraître et révèle l'ampleur de la nullité de l'État au début de la guerre. Messimy était énergique, brutal, parfois autoritaire à l'excès. Ce républicain exemplaire, qui avait quitté l'armée au moment de l'affaire Dreyfus, ne supportait ni la lâcheté ni la veulerie. Et il a été un des rares, avec le neveu de Jules Ferry, Abel Ferry, alors sous-secrétaire d'État aux Affaires étrangères, à prendre la mesure du [...] Lire la suite