“Spiderman” japonais ou “Star Wars” turc, l’art du nanar

Souvent, ça commence par une intrigue absurde. Mais, comme on est de bonne volonté, on décide de donner une chance au film.

Et là, tout va très vite : choix scénaristiques délirants, montage (un peu trop) elliptique, décors branlants et effets spéciaux douteux… Gagné : c’est un nanar.

Ces films “mauvais malgré eux” séduisent un public qui y cherche (et y trouve) de la joie, “loin de la grisaille actuelle des festivals et du streaming”, juge le quotidien espagnol El País.

Des festivals leur sont même consacrés, comme CutreCon à Madrid, dont c’était cette année la quatorzième édition.

Mais n’est pas un nanar qui veut. “Il ne faut pas confondre série Z et mauvais film”, tranche El País.

Alors, qu’est-ce qui différencie un nanar d’un navet ?

Eh bien, pour le quotidien espagnol, les nanars sont ces “longs-métrages à l’intrigue tellement absurde qu’au lieu d’être absorbés par ce qui se passe à l’écran, les spectateurs hallucinent et savourent autrement ce qu’ils voient”, quand les navets sont des films ratés devant lesquels on s’ennuie à mourir.

Dans “Nukie et Miko”, une parodie d’“E.T.” réalisée par Sias Odendaal et Michael Pakleppa en 1987, deux gentils extraterrestres venus de la planète Photon 7 atterrissent sur Terre. L’un se pose en Californie, où il est capturé par la Fondation spatiale internationale, et l’autre en Afrique centrale. On raconte que sept personnes se seraient succédé sur le montage. D’après les spécialistes du genre, l’intrigue décousue et le jeu déroutant des acteurs en témoignent.. PHOTO IMDB

“Le manque de budget
aide, mais ce n’est pas
le plus important.
Pour notre festival,
nous sélectionnons
des films qui font rire
sans le vouloir,
des comédies involontaires,
avec ou sans argent.”

Carlos Palencia, responsable du festival CutreCon au quotidien espagnol “El País”

“Spiderman” est un court-métrage de science-fiction japonais réalisé par Koichi Takemoto et sorti en 1978. L’intrigue est la suivante : l’armée de la Croix de fer sabote les pétroliers avec l’aide d’un monstre nommé Sea Devil, un espadon anthropomorphe semi-mécanique, capable de tirer des torpilles avec sa bouche. Aidé de l’agent Juzo Mamiya, Spiderman a donc pour mission d’arrêter cette armée (et l’espadon avec).. PHOTO IMDB

Du Batman philippin au Spiderman japonais en passant par les Tortues Ninja coréennes, la liste des blockbusters américains ayant fait l’objet d’adaptations exotiques est longue.

À ce titre, on pourrait aussi évoquer Dünyayi kurtaran adam (1982), tentative d’adaptation turque de Star Wars, la version chinoise de Dracula, où le légendaire vampire avance à petits bonds, ou encore Space Monster Gwangmagwi (1967), premier film coréen de science-fiction”, souligne El País.

“Dans les griffes de la CIA”, long-métrage réalisé par John Liu en 1981. Réalisé, produit, scénarisé, chorégraphié par John Liu (qui joue d’ailleurs son propre rôle, puisque le personnage qu’il incarne s’appelle aussi John Liu), le film appartient à la vague de “Bruceploitation”, tout un sous-genre consacré à l’imitation des films de Bruce Lee, mais “sans charisme”, ironise le quotidien espagnol “El País”.. PHOTO IMDB

“Et puis, il y a ces centaines de clones de Rambo ou ce sous-genre à part entière que sont les remakes de films de Bruce Lee”, ajoute le quotidien espagnol.

Mais au-delà des copies audacieuses, il existe aussi des nanars originaux. Le quotidien espagnol cite, entre autres, Dangerous Men.

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